Le dopage sportif n’est pas une erreur, ni une déviance isolée : c’est une conséquence logique d’un système qui glorifie la performance au-delà de toute limite. Ceux qui prétendent qu’on pourra un jour l’éradiquer tiennent un discours rassurant, mais naïf.
Car tant que le sport professionnel reposera sur la recherche constante du dépassement, du record, de la victoire à tout prix, le dopage sportif ne sera jamais très loin. Il est temps d’ouvrir les yeux : le dopage sportif ne salit pas le sport, il le reflète.
Tout pousse à la surenchère. Les fédérations veulent des records. Les sponsors veulent des visages brillants, des corps sculptés, des résultats spectaculaires. Les médias veulent du drame, des exploits, du sensationnel. Et les athlètes, eux, évoluent dans une bulle où le moindre centième de seconde, la moindre perte de forme peut coûter une médaille, un contrat, une carrière. Alors, ils cherchent un avantage.
Et ils le trouvent. Car les techniques de dopage sportif évoluent plus vite que les moyens de contrôle. Les tricheurs ont toujours une longueur d’avance, et ceux qui se font prendre sont souvent les plus maladroits, pas les plus dopés.
Ce système est pétri d’hypocrisie. Les instances sportives organisent des campagnes antidopage avec de grands slogans, tout en profitant des retombées économiques d’un sport de plus en plus inhumain. On fait semblant de croire que les corps peuvent progresser indéfiniment, sans aide, alors même que les calendriers de compétition, les contraintes physiques et la pression mentale sont plus lourds que jamais. Ce n’est pas un hasard si certains athlètes parlent de « dopage institutionnalisé », où le recours à certains produits ou méthodes est tacitement accepté, tant qu’on ne se fait pas attraper.
Alors, peut-on vraiment éradiquer le dopage sportif ? Non. Et surtout, il faut cesser de croire que la répression suffira. Ce qu’il faut, c’est changer notre regard sur la performance. Redonner du sens à l’effort humain, à la progression lente, aux limites naturelles du corps. Mais qui est prêt à regarder un 100 mètres couru moins vite qu’il y a dix ans ? Qui est prêt à applaudir un cycliste qui termine deuxième, parce qu’il a refusé de tricher ? Pas grand monde. C’est pourquoi le dopage sportif restera. Non pas parce que les sportifs sont faibles, mais parce que nous exigeons d’eux l’impossible, sans vouloir en assumer les conséquences.
Il faut éduquer, encadrer, dialoguer. Peut-être même qu’un jour il faudra accepter d’encadrer certains usages, plutôt que de les criminaliser aveuglément. Le dopage n’est pas qu’un problème médical, c’est une question morale et politique. Et tant qu’on refusera de poser les vraies questions, on continuera à courir derrière un idéal de pureté sportive aussi factice que les performances qu’il prétend protéger.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Malamine Gueye.
Mis en ligne : 20/05/2025
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