Un combat fantôme : L’étrange disparition des militants anticorruption en Afrique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Coumba Sagna | Publié le 22/05/2025 02:05:04

Un combat fantôme : L’étrange disparition des militants anticorruption en Afrique

L’Afrique, continent aux ressources inestimables, demeure paradoxalement l’un des plus ravagés par la corruption. Des milliards s’évaporent chaque année dans les méandres de l’enrichissement illicite. Les comptes offshore, les villas en Europe et les voitures de luxe de dirigeants insatiables sont devenus le symbole d’un pouvoir gangrené.

Pourtant, face à cette saignée permanente, une question s’impose : où sont les véritables militants anticorruption en Afrique ? Où sont celles et ceux qui, au nom du peuple, devraient se dresser face aux voleurs en col blanc ?

On cite parfois quelques figures emblématiques. Mais elles sont trop peu nombreuses, souvent isolées, marginalisées ou brutalement réduites au silence. Le reste ? Un océan d’indifférence, de résignation, voire de complicité. Trop souvent, ceux qui devraient incarner la résistance citoyenne se contentent de courber l’échine, d’attendre leur tour pour goûter au gâteau, ou d’échanger leur indignation contre des postes dans des commissions décoratives. Le militantisme anticorruption en Afrique, dans nombre de pays, est devenu un théâtre d’ombres : on y brandit des rapports, on y organise des colloques financés par l’étranger, mais rarement on dérange l’ordre établi.

Ceux qui osent vraiment parler, vraiment nommer, vraiment agir, finissent seuls. Menacés. Exilés. Enterrés parfois. Et face à cette réalité brutale, la société civile peine à s’unir, à faire bloc, à créer un front commun. Il y a la peur, bien sûr. Mais il y a surtout une lassitude qui frôle l’acceptation. L’idée que la corruption est une fatalité. Qu’il faut « faire avec ». Que dénoncer ne sert à rien. Ce fatalisme est peut-être la plus grande victoire des corrompus : ils ont réussi à rendre la résistance marginale, presque suspecte.

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Et pourtant, l’absence de mobilisation anticorruption est un drame absolu. Chaque détournement prive des enfants d’éducation, des malades de soins, des jeunes d’avenir. Chaque contrat truqué, chaque marché surfacturé, chaque nomination par piston est une attaque directe contre la dignité et la souveraineté du peuple africain. Alors pourquoi ce silence généralisé ? Pourquoi cette peur d’affronter l’essentiel ?

La vérité dérange : beaucoup de ceux qui se disent engagés n’attendent qu’une chose, leur part du système. Ils dénoncent la corruption quand ils en sont exclus, mais se taisent dès qu’ils y trouvent un intérêt. Ils parlent de gouvernance, de transparence, mais évitent soigneusement de pointer du doigt les parrains de la pourriture ambiante. Résultat : les mêmes restent en place, et la population continue de payer.

Il est temps d’arrêter les faux-semblants. L’Afrique n’a pas besoin de nouveaux discours, mais de courage. De femmes et d’hommes qui n’ont pas peur de nommer, d’exposer, de défier. Pas pour plaire aux bailleurs, mais pour libérer leur pays. Le combat anticorruption ne doit plus être une option morale. Il est une urgence vitale. Un devoir de survie collective. Parce que tant que les corrompus domineront, aucune révolution, aucune élection, aucun projet de développement ne tiendra debout.

Il est temps de choisir un camp. Celui de l’Afrique qui résiste, ou celui de l’Afrique qui pille. Les militants anticorruption en Afrique ne peuvent plus se permettre d’être passifs. Leur rôle est désormais plus crucial que jamais.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Adji Soda.
Mis en ligne : 22/05/2025

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