À quoi sert une fiscalité si elle ne corrige pas les injustices qu’elle prétend combattre ? Dans nos pays, la gouvernance fiscale reste trop souvent une affaire d’élites protégées et de multinationales insaisissables, pendant que les plus modestes paient pour tous. Sous couvert de rationalisation, les exonérations pleuvent sur les grandes entreprises, les scandales fiscaux s’enchaînent, et le secteur informel devient le bouc émissaire commode.
Cette fiscalité à deux vitesses trahit les principes mêmes de justice et d’équité. On impose à ceux qui ont peu, pendant que ceux qui ont tout s’éclipsent dans les failles du système.
On nous répète que des réformes sont en cours. Mais où sont les actes ? On parle de digitalisation, de modernisation, de coopération internationale. Pourtant, les recettes fiscales stagnent, les inégalités se creusent et les dépenses publiques ne suivent pas les besoins urgents. Le manque de volonté politique est flagrant : tant qu’on refusera d’attaquer les intérêts bien protégés, toute réforme sera un habillage technique d’un système profondément injuste. Ce n’est pas la complexité du système qui est le vrai problème, mais l’impunité fiscale des puissants.
Une réforme sérieuse commence par une remise à plat des privilèges. Il faut élargir l’assiette fiscale, oui, mais en commençant par ceux qui échappent délibérément à l’impôt. Les multinationales, les sociétés extractives, les groupes de pression économiques doivent contribuer à hauteur de leurs gains. Ce sont eux les champions de l’évasion fiscale, pas les petits commerçants du marché. Mais dans nos pays, on préfère réprimer les faibles et négocier avec les forts. Ce choix politique a un nom : la soumission.
Le discours sur la “confiance” entre l’État et le contribuable sonne creux si la transparence ne suit pas. Où vont nos impôts ? Qui décide de leur affectation ? Pourquoi les écoles s’effondrent pendant que des ministères s’équipent en véhicules de luxe ? Il faut sortir du mensonge permanent : tant que la redevabilité sera absente, la méfiance demeurera. Une réforme fiscale sans contrôle citoyen est une manœuvre destinée à perpétuer l’opacité et l’abus.
Nous ne voulons pas d’un système fiscal technocratique conçu pour plaire aux bailleurs ou séduire les investisseurs. Nous voulons une fiscalité populaire, redistributive, conçue pour servir le bien commun. Chaque impôt doit être un outil de justice sociale. Chaque exonération doit être justifiée, mesurée et temporaire. Réformer, c’est redonner à la fiscalité son sens premier : faire société. Pas entre quelques privilégiés, mais pour tous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mor Kebe.
Mis en ligne : 24/05/2025
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