Entre faux-semblants et immobilisme : Dialogue politique au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Coumba Sagna | Publié le 07/06/2025 07:06:00

Entre faux-semblants et immobilisme : Dialogue politique au Sénégal

Le dialogue politique s’est officiellement conclu ce mercredi, et le facilitateur général, Cheikh Gueye, a annoncé avec optimisme la transmission d’un « socle de consensus » au Président de la République. Cependant, derrière les chiffres et les déclarations, se cache une réalité moins reluisante : ces dialogues semblent souvent n’être que des formalités, sans impact concret sur la gouvernance. Ce processus donne l’impression d’être une diversion institutionnalisée pour masquer les véritables exigences de changement.

Depuis des années, les dialogues politiques au Sénégal se succèdent et se ressemblent. Toujours organisés à des périodes sensibles élections, tensions sociales, changements constitutionnels ils prétendent instaurer un climat apaisé. Mais en réalité, ces rencontres semblent surtout servir à légitimer des décisions déjà prises ou à temporiser les revendications populaires. Celui qui vient de s’achever ne fait malheureusement pas exception.

Les chiffres annoncés par Cheikh Gueye sont éloquents. Si les commissions trois et deux affichent respectivement 100 % et 94 % de consensus, la commission une probablement la plus cruciale politiquement n’en atteint que 26 %. Cela signifie que sur les sujets véritablement conflictuels (peut-être la gouvernance électorale, les réformes institutionnelles, ou le statut de l’opposition), l’accord est quasi inexistant. Pourtant, on parle de « socle de consensus » comme si cela devait suffire à nourrir l’espoir populaire. Cela semble pour le moins paradoxal.

Le soi-disant « socle » sera remis au Président de la République. Mais que deviendra-t-il ? Comme tous les précédents rapports de dialogue politique, il risque de finir dans un tiroir, sans suite, sans application, sans même un retour aux participants.

Ces dialogues ne produisent pas de lois, ils produisent des effets d’annonce. Ils permettent au pouvoir en place de prétendre écouter, tout en poursuivant sa feuille de route sans tenir compte des recommandations, surtout celles venant de l’opposition ou de la société civile.

L’engagement du chef de l’État, mentionné par Gueye, ne repose sur aucun calendrier, aucune obligation de résultat, aucun mécanisme de suivi. Cela révèle une certaine hypocrisie : l’État fait mine de s’engager, mais refuse de se lier les mains.

Dans des pays comme le Ghana ou l’Afrique du Sud, les dialogues politiques ont mené à des réformes effectives : modification des lois électorales, décentralisation réelle, ou statut renforcé des opposants. Au Sénégal, les mêmes thèmes sont débattus depuis vingt ans sans aucun progrès notable. La différence ? Là-bas, les conclusions ont valeur d’engagement politique, ici, elles ne sont qu’un décor.

Le dialogue politique version sénégalaise semble être une mise en scène bien rodée, un théâtre d’ombres où chaque acteur joue son rôle, mais où le scénario est toujours le même : l’immobilisme. Il est temps que le peuple refuse de cautionner ces simulacres. Tant qu’aucune volonté réelle de réforme ne se manifeste, ces dialogues ne sont que des leurres.

Il est urgent que les citoyens, les partis d’opposition et les organisations de la société civile cessent de légitimer ces « dialogues de pacotille ». Refusons de participer à des cérémonies vides. Exigeons un vrai changement institutionnel, avec des garanties, des délais, et des sanctions en cas de non-respect. Le peuple sénégalais mérite mieux que ce théâtre politique où tout est dit pour que rien ne change.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Youssouf Gueye.
Mis en ligne : 07/06/2025

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