Alors que la faim et la sous-alimentation restent une réalité dramatique dans plusieurs régions, le surpoids et l’obésité gagnent du terrain au sein de notre population. Oui, les deux extrêmes coexistent, et c’est là tout le paradoxe de notre système nutritionnel. Le docteur Tsinjo Lalaina alerte à juste titre : les chiffres grimpent.
Même si le taux de prévalence global semble encore faible, devons-nous attendre qu’il explose pour réagir ? L’inaction face à cette progression insidieuse est un choix politique lourd de conséquences.
Chez les enfants de moins de cinq ans, les premières données sont alarmantes : 1,8 % souffrent déjà de surpoids. Les garçons sont davantage touchés que les filles. Faut-il y voir le reflet d’un système de consommation déséquilibré, inadapté à nos réalités locales ? Certainement. Ce que nous observons n’est pas une fatalité biologique, mais le résultat direct de politiques de santé et d’éducation alimentaire négligées depuis trop longtemps.
L’obésité chez les 5-19 ans suit la même courbe ascendante. Une augmentation de 0,4 % est attendue d’ici 2026. Cela peut sembler minime, mais c’est une tendance qui s’installe durablement. Une fois adulte, ce surpoids s’aggrave : 26,3 % des femmes entre 16 et 50 ans sont en situation de surcharge pondérale. Cela traduit une précarité nutritionnelle autant qu’un abandon des femmes en matière de prévention et de suivi médical. Où sont les campagnes nationales d’information ? Où sont les cantines scolaires équilibrées ? Où sont les espaces publics pour faire du sport ?
Il faut avoir le courage de dire que l’obésité n’est pas qu’un enjeu médical. C’est un combat social. Ce fléau révèle l’échec de notre modèle de développement et de nos choix collectifs. Il ne s’agit pas simplement de faire des recommandations techniques. Il faut interroger les stratégies alimentaires promues par les grandes surfaces, le manque d’éducation nutritionnelle dans les écoles, et la responsabilité des décideurs face à la malbouffe qui s’installe dans nos foyers.
C’est un appel à l’action, à la justice sanitaire, à la responsabilité politique. Il est inadmissible que des enfants soient en surpoids par ignorance, par manque de moyens ou par exposition massive à des produits ultra-transformés. C’est maintenant que tout se joue. Et si nous n’agissons pas, la génération qui vient paiera le prix fort.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Manou Mané.
Mis en ligne : 27/05/2025
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