Le 25 mars dernier, malgré une victoire peu enthousiasmante face au Togo (2-0), les projecteurs se sont braqués sur Sadio Mané. Si la star des Lions de la Teranga n’a pas particulièrement déçu ce soir-là, ses quatre dernières prestations jugées fades ont ravivé les critiques. Sa forme physique a été mise en doute, tout comme une supposée « immunité » au sein de la sélection.
Alors que l’on attendait un sursaut notamment face à l’Angleterre, le joueur a préféré décliner la convocation de Pape Thiaw, relançant les interrogations : s’agit-il d’une simple pause ou du début d’un déclin ? La porte est-elle désormais ouverte à la nouvelle génération à l’approche de la CAN ?
« Je suis le joueur le plus critiqué du Sénégal, mais ça ne me dérange pas », déclarait Sadio Mané dans la foulée du match contre le Togo. Une réaction laconique, mais révélatrice d’un malaise. Jamais en dix ans, le leader offensif du Sénégal n’était resté quatre matchs sans contribution décisive (ni but, ni passe) en sélection. À 33 ans, désormais pensionnaire du championnat saoudien, le débat sur sa succession prend de l’ampleur.
En club, plusieurs jeunes talents affichent leurs ambitions. Iliman Ndiaye, impressionnant sur le flanc gauche avec Everton, évolue précisément au poste occupé par Mané chez les Lions. Assane Diao et Ismaïla Sarr, plus à l’aise à droite, se sont également illustrés. Sans oublier Nicolas Jackson, Cheikh Sabaly, Papa Diallo, Idrissa Guèye ou encore Yaya Diémé. Le Sénégal semble armé pour envisager l’avenir sans son numéro 10.
Mais réduire Sadio Mané à ses récentes contre-performances serait injuste. Si ses prestations en sélection ont laissé à désirer, le joueur d’Al-Nassr a enchaîné 9 buts et 4 passes décisives en 10 rencontres de club après la rencontre face au Togo. Avant cette série décevante avec les Lions, il comptait déjà 9 buts et 4 passes décisives en 14 sélections. De quoi remettre en question le système de jeu et l’utilisation faite de l’attaquant par le staff sénégalais.
Les performances ternes de Mané coïncident avec une baisse de régime générale des Lions, soulignant une dépendance persistante à son influence sur le jeu. Quand Mané passe à côté, c’est l’ensemble de l’équipe qui en pâtit.
Mohamed Ghandour, consultant à la RTS, abonde dans ce sens. Pour lui, Mané reste un élément-clé, mais il est temps de construire une équipe plus autonome :
« Il sera encore indispensable pendant un moment. Mais la relève aurait dû être préparée depuis longtemps, entre la fin de l’ère Aliou Cissé et le début de celle de Pape Thiaw. Il faut penser l’équipe sans Mané. »
Selon lui, cette démarche devrait également concerner d’autres cadres vieillissants comme Kalidou Koulibaly ou Idrissa Gana Guèye.
Pour tirer le meilleur de Mané, Ghandour suggère un repositionnement tactique. L’ailier percutant d’hier, moins explosif aujourd’hui, pourrait évoluer dans l’axe :
« Ce n’est plus le Sadio Mané rapide et insaisissable. Il a perdu en percussion et en dribble. Le positionner en numéro 9 lui éviterait les efforts défensifs et mettrait à profit son expérience, sa vision et son sens du but. »
Un rôle qu’il avait déjà occupé avec succès à Liverpool en 2022, après l’arrivée de Luis Diaz, concluant la saison par une finale de Ligue des champions et une 2e place au Ballon d’Or.
Pour l’heure, Sadio Mané est absent des matchs amicaux contre l’Irlande et l’Angleterre. Pape Thiaw a fait appel à Ismaïla Sarr, Iliman Ndiaye, Abdallah Sima et Cheikh Tidiane Sabaly sur les ailes. Le retour du capitaine est attendu en septembre, lors des éliminatoires du Mondial 2026 contre le Soudan et la RD Congo.
La question sera alors cruciale : faut-il miser sur la jeunesse ou continuer avec les cadres historiques ? Trouver le bon équilibre est la clé. L’exemple argentin avec Lionel Messi montre qu’une star vieillissante peut encore briller, à l’inverse du Portugal de Cristiano Ronaldo, qui a échoué à trois reprises avec une équipe pourtant talentueuse.
Au Sénégal, c’est désormais à Pape Thiaw de trancher.
Article écrit par : Badara Tall.
Mis en ligne : 29/05/2025
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