La candidature de Macky Sall à l’ONU fait déjà couler beaucoup d’encre, bien qu’elle ne soit encore qu’au stade de rumeur. Ce lundi, l’ancienne Première ministre Aminata Touré est montée au créneau pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « tentative de manipulation » visant à détourner l’attention des graves violations des droits humains commises sous le magistère de l’ex-président sénégalais.
Dans une déclaration sans concession, Aminata Touré a insisté sur le fait que le poste de Secrétaire général des Nations Unies exige un profil irréprochable en matière de droits humains.
Or, selon elle, la candidature de Macky Sall à l’ONU est incompatible avec les exigences éthiques de cette haute fonction. « Les Nations Unies sont le cœur des droits humains. Leur Secrétaire général ne peut être quelqu’un dont le mandat est entaché par des répressions sanglantes », a-t-elle déclaré.
Elle rappelle que, de 2021 à 2024, 82 manifestants ont été tués au Sénégal, d’après des organisations internationales de défense des droits humains. En février 2025, la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exigé l’ouverture de poursuites contre les auteurs de violences policières. Aminata Touré voit donc dans la candidature de Macky Sall à l’ONU une tentative de blanchiment politique, au mépris des victimes et des normes internationales.
« C’est un écran de fumée pour éviter le vrai débat : celui de l’impunité. Ceux qui ont commandité, organisé ou couvert ces violences doivent rendre des comptes », a martelé l’ancienne cheffe du gouvernement. Elle qualifie même la candidature de Macky Sall à l’ONU de « sans aucune chance de succès » tant son bilan en matière de gouvernance démocratique est décrié.
Depuis son départ du pouvoir en mars 2024, Macky Sall multiplie les apparitions internationales, comme récemment à Marrakech, lors de l’IGW 2025, où il a plaidé pour un partenariat Afrique-Europe rénové. Mais pour Aminata Touré, ces efforts de repositionnement diplomatique ne sauraient faire oublier les années de répression intérieure. Elle appelle la communauté internationale à ne pas se laisser abuser par ce qu’elle perçoit comme une stratégie de réhabilitation sans justice.
En pleine spéculation sur la candidature de Macky Sall à l’ONU, la sortie d’Aminata Touré résonne comme un rappel brutal des pages sombres du dernier quinquennat sénégalais. Pour elle, l’avenir ne peut s’écrire sans que justice soit rendue aux victimes des dérives autoritaires du passé.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 03/06/2025
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