Dakar s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques à Dakar de la Jeunesse (JOJ) du 31 octobre au 13 novembre 2026. Une grande première en Afrique, nous dit-on, avec fierté et tambours battants. Le Comité d’organisation sort les grands mots : rénovations, infrastructures modernes, « héritage olympique », parité, volontaires… Tout est fait pour nous vendre du rêve. Mais qui est encore dupe dans ce pays où la réalité crie famine pendant qu’on peint les trottoirs en doré pour plaire aux visiteurs ?
Ce n’est pas qu’on soit contre le sport. Ce n’est pas qu’on ne rêve pas d’une jeunesse inspirée, active, célébrée. Ce n’est pas une haine des Jeux. C’est une colère contre cette déconnexion brutale et arrogante entre la réalité quotidienne des Sénégalais et le fastueux mirage que l’on veut nous servir. Le peuple souffre. Les familles se battent pour trois repas par jour. Les hôpitaux tombent en ruine. Les écoles manquent de bancs, de profs, de murs. Des quartiers entiers pataugent dans les eaux stagnantes pendant la saison des pluies. Et que fait l’État ? Il construit un centre équestre à Diamniadio !
Oui, vous avez bien lu. Un centre équestre. Pendant que des enfants meurent dans les hôpitaux faute de couveuses, le gouvernement érige des installations pour des chevaux. À qui profite cette priorité olympique ? À qui parle ce luxe, sinon à une élite hors-sol, sourde aux cris de détresse des populations ? 2700 athlètes vont débarquer, encadrés par des milliers de volontaires volontaires non payés, il faut le rappeler pendant que les jeunes Sénégalais fuient le pays par l’océan au péril de leur vie.
On nous parle de rénovations au lieu de nouvelles constructions. Faux. On construit, et on reconstruit, et on promet des livraisons à temps en mars 2026 pour le stade Iba Mar Diop, en novembre 2025 pour le centre équestre, sans compter les six nouveaux bâtiments du campus de l’Université Amadou Matar Mbow pour loger les délégations. Pendant ce temps, combien d’étudiants s’entassent encore à quatre dans des chambres insalubres ?
On nous vend ces Jeux Olympiques à Dakar comme un investissement pour l’avenir, un modèle de valorisation des infrastructures, un « héritage ». Mais l’héritage de quoi, exactement ? De dépenses massives dans des infrastructures que le peuple n’a ni demandé, ni besoin en urgence ? D’un « skate park » flambant neuf pendant que nos routes s’effondrent ? De « la première édition africaine » comme écran de fumée pour masquer l’abandon des priorités sociales de base ?
Ne nous trompons pas : cet événement, les Jeux Olympiques à Dakar, n’est pas pour le peuple. Il est pour l’image. Pour les caméras. Pour l’international. Pour les photos souvenirs. Pour les discours pompeux et les médailles d’honneur. C’est un événement vitrine, pendant que le salon est en feu.
Il est temps de dire non. Il est temps de refuser ce modèle de développement creux, où l’on brille à l’étranger pendant qu’on saigne à l’intérieur. Il est temps de rappeler aux dirigeants que l’État, ce n’est pas un comité d’organisation événementiel. C’est une mission sociale, une responsabilité humaine. L’urgence, ce ne sont pas les JOJ. L’urgence, c’est la santé, l’éducation, l’accès à l’eau, la justice sociale.
Alors oui, osons dire que ces Jeux Olympiques à Dakar sont indécents. Indécents dans leur timing, indécents dans leur budget, indécents dans leur priorité. Ce n’est pas parce qu’ils auront lieu que nous devons les applaudir. Ce n’est pas parce qu’ils feront rayonner Dakar dans les médias qu’ils illumineront la vie des Sénégalais.
Le sport peut être un moteur d’émancipation. Mais ici, c’est un rideau de fumée. Et derrière, c’est l’abandon.
Assez. Place à la vraie urgence : celle de rendre au peuple ce qui lui est dû.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Dramé.
Mis en ligne : 05/06/2025
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