L’article des Échos du mercredi rapporte une scène presque surréaliste : une affluence massive de soutiens auprès de Mansour Faye, actuel maire de Saint-Louis, en détention à Rebeuss. Ce dernier, loin d’être accablé par la situation, se montre « d’un calme déconcertant ». Cette mise en scène de solidarité aveugle est non seulement indécente, mais aussi révélatrice d’une société prête à fermer les yeux sur les dérives politiques tant qu’elles viennent « des siens ».
Mansour Faye n’est pas un citoyen lambda arrêté pour une simple infraction. Il est visé dans un contexte où la justice sénégalaise tente laborieusement de remettre de l’ordre dans la gestion des deniers publics après des années d’impunité. En tant qu’ancien ministre et figure centrale du clan présidentiel sous Macky Sall (dont il est le beau-frère), il a bénéficié d’un pouvoir immense. Aujourd’hui, sa présence en prison n’est pas anodine : elle symbolise le tournant moral que beaucoup de citoyens espèrent pour le Sénégal.
L’article dresse presque le portrait d’un martyr injustement persécuté. Des dizaines de personnes affluent pour lui témoigner « soutien et solidarité », émus par sa « sérénité ». Mais de quelle sérénité parle-t-on ? Celle de quelqu’un qui sait que la justice est encore poreuse aux pressions ? Ou celle d’un homme qui, richement installé grâce à des pratiques contestables, ne craint ni la prison, ni les conséquences ? La vraie question est la suivante : depuis quand une détention préventive devient-elle l’occasion d’un pèlerinage ?
Ceux qui vivent à Saint-Louis savent. Ils savent ce que cette ville historique, au potentiel immense, aurait pu devenir si les fonds avaient été utilisés à bon escient. Ils savent également que Mansour Faye, avant l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, n’avait ni le même niveau d’influence, ni la fortune affichée ces dernières années. Doit-on continuer à applaudir ceux qui ont été portés par un système familial au détriment de la compétence et de la transparence ?
Le vrai tort de Mansour Faye n’est pas seulement juridique. Il est aussi moral. Non seulement il aurait commis une faute, mais il a exagéré. Il s’est comporté comme si Saint-Louis lui appartenait. Et maintenant, ceux qui le soutiennent contribuent à cette mascarade d’innocence permanente.
Dans d’autres pays, des figures publiques soupçonnées de corruption se retirent, présentent des excuses et se mettent à disposition de la justice avec humilité. Au Sénégal, on organise des visites, on affiche de la « sérénité » et on mobilise des foules, comme pour disqualifier les institutions judiciaires. Cette attitude de défiance rampante est l’un des obstacles majeurs au développement du pays.
Plusieurs rapports de la Cour des comptes ont révélé des anomalies sur la gestion des fonds publics, notamment ceux liés à la pandémie. Le nom de Mansour Faye revient régulièrement dans ces documents, sans qu’aucune réponse sérieuse n’ait été apportée. Pourtant, ces rapports sont publics, officiels, et rédigés par des experts. Faut-il encore douter ?
Ceux qui vivent à Saint-Louis depuis toujours savent qu’on peut travailler honnêtement, vieillir en paix et laisser une trace honorable. Défendre un homme soupçonné de détournements au nom du lien familial ou de la loyauté politique, c’est insulter ceux qui luttent tous les jours dans l’honnêteté. L’histoire retiendra que certains ont préféré le confort d’un silence complice à la clarté de l’exigence morale.
Saint-Louis mérite mieux. Le Sénégal mérite mieux. Ne soutenons pas ceux qui déshonorent la confiance publique. Réclamons la justice, pas l’impunité.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Domou Ndarr.
Mis en ligne : 11/06/2025
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