Depuis 2005, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les pilules contraceptives combinées (œstrogène + progestatif) dans la catégorie des substances « cancérogènes pour l’homme » (Groupe 1), aux côtés du tabac, de l’alcool ou encore de l’amiante. À première vue, ce classement a de quoi semer la panique. Mais faut-il pour autant jeter notre plaquette de pilules à la poubelle ? Absolument pas.
Derrière cette formule anxiogène se cache une réalité bien plus nuancée qu’on ne le laisse entendre. L’enjeu ici n’est pas de faire peur, mais d’expliquer. Et surtout, de rappeler une évidence : toute information scientifique mérite d’être comprise dans son contexte.
Lorsque l’OMS place une substance dans le « Groupe 1 », cela signifie que le lien entre cette substance et certains types de cancer est scientifiquement établi. Mais attention : cela ne veut pas dire que la pilule provoque un cancer à chaque utilisation. Il s’agit de risques mesurés, dans certaines conditions précises : usage prolongé, prédispositions génétiques, autres facteurs aggravants.
Autrement dit, oui, il existe un léger sur-risque de certains cancers, mais cela ne signifie en aucun cas que toutes les femmes sous pilule sont en danger.
Les études pointent principalement trois types de cancer dont le risque peut légèrement augmenter chez les femmes utilisant la pilule depuis plusieurs années :
Le cancer du sein, en cas d’usage prolongé ou débuté très jeune ;
Le cancer du col de l’utérus, notamment en cas d’infection persistante au papillomavirus (HPV) ;
Le cancer du foie, plus rare, souvent lié à d’autres facteurs comme la consommation d’alcool.
Mais étrangement, on parle beaucoup moins d’un autre volet de ces études…
Car oui, la pilule contraceptive n’a pas qu’un côté obscur. Elle protège aussi contre plusieurs cancers. Et pas des moindres :
Elle réduit jusqu’à 50 % le risque de cancer de l’ovaire et de l’endomètre, même longtemps après l’arrêt de la contraception ;
Elle prévient également certains kystes ovariens et peut améliorer des troubles hormonaux comme l’acné ou l’endométriose.
C’est donc une balance bénéfices/risques qui mérite réflexion, pas rejet.
Doit-on s’inquiéter pour autant ? Non, si l’on regarde les faits avec lucidité. Pour la majorité des femmes, notamment celles qui utilisent la pilule sur de courtes périodes, le risque de cancer reste très faible. Et les chiffres montrent qu’il revient au niveau de la population générale environ 10 ans après l’arrêt.
Mais cela ne veut pas dire qu’il faut tout banaliser. La contraception doit toujours être un choix informé et personnalisé. L’âge, les antécédents médicaux, le mode de vie… tout cela compte. Et c’est pour cela qu’un suivi médical régulier est indispensable.
La bonne question n’est pas « faut-il arrêter la pilule ? », mais « est-elle encore la meilleure option pour moi ? »
La pilule ne convient pas à tout le monde, c’est un fait. Mais elle reste l’un des moyens de contraception les plus efficaces. Ce que cette classification nous rappelle, c’est que chaque femme doit pouvoir choisir librement et en connaissance de cause. Et que la peur ne doit jamais remplacer l’information.
Oui, la pilule est classée parmi les substances cancérogènes, mais ce constat scientifique ne doit pas être sorti de son contexte. Comme tout médicament, elle a ses risques. Mais aussi ses avantages. L’essentiel ? Rester informée, ne pas céder aux raccourcis alarmistes, et consulter son médecin pour faire le meilleur choix, en conscience.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 21/06/2025
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