Banque mondiale : Les 115 millions $ qui enfoncent le Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Economie | Par Eva | Publié le 25/06/2025 12:06:00

Banque mondiale : Les 115 millions $ qui enfoncent le Sénégal

La Banque mondiale vient d’approuver un prêt concessionnel de 115 millions USD pour “fortifier” les finances publiques sénégalaises via le programme SEN-FISCALE 2025-2029. Ce nouvel endettement est une capitulation déguisée qui renforce la tutelle financière étrangère et fragilise notre souveraineté.

En à peine dix ans, la dette publique est passée de 36 % à plus de 80 % du PIB ; pire, un audit de la Cour des comptes révèle qu’elle pourrait déjà frôler les 100 % après retraitement des chiffres officiels.

Cette dérive survient alors que la Banque mondiale impose, depuis 2018, des séries de “réformes structurelles” : coupes budgétaires, privatisations sectorielles, relèvement de taxes et numérisation forcée de la collecte fiscale.

Le discours officiel maquille une réalité simple : chaque dollar “concessionnel” ouvre la porte à des conditions contraignantes. La création d’un “système unifié d’enregistrement de la dette” n’est pas un gadget technocratique ; c’est un moyen de surveiller, en temps réel, notre trésor public depuis Washington. L’exigence de facturation électronique de la TVA, présentée comme une modernisation, vise avant tout à garantir aux créanciers que chaque centime de recette fiscale leur sera prioritairement reversé. Enfin, l’objectif affiché de “consolidation budgétaire” signifie concrètement un ajustement de 3,6 points de PIB d’ici 2026 : moins d’investissements sociaux, davantage de taxes à la consommation, et un gel des salaires publics.

En s’engageant à respecter les plafonds de déficit fixés par ses bailleurs, Dakar renonce à toute politique contracyclique, pourtant vitale face aux chocs climatiques et sécuritaires.

Les réformes “prior actions” rédigées par la Banque mondiale s’imposent au Parlement, court-circuitant le débat démocratique. Les précédentes vagues de DPF ont déjà obligé l’État à dégager Senelec, Sonacos ou La Poste de leurs mandats publics au profit de la rentabilité stricte.

Le prêt SEN-FISCALE est présenté comme “soutenable” ; pourtant, la dette, projetée à 58 % du PIB il y a un an, dépasse déjà les 80 % et continue de croître, illustrant l’inefficacité des recettes prescrites.

Le Ghana, sous programme FMI depuis 2023, subit aujourd’hui un carcan fiscal si rigide que le nouveau président cherche déjà à renégocier l’accord pour relancer la croissance, sans succès jusqu’ici. La Zambie, après trois ans de “soutien” Banque mondiale/IMF, n’a obtenu qu’un rééchelonnement de dettes assorti d’un gel des salaires publics et d’une hausse de la TVA, sans relance productive tangible.

À force d’avaler les pilules amères assorties de jolis slogans sur la “transparence”, le Sénégal s’expose à devenir un simple gestionnaire de ses obligations envers des bailleurs étrangers. Chaque nouveau financement présenté comme un progrès renforce en réalité notre dépendance, affaiblit nos capacités de décision autonome et éloigne les priorités budgétaires des véritables besoins du peuple sénégalais. La souveraineté économique et politique ne devrait jamais être le prix à payer pour des réformes dictées de l’extérieur.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Seydina Laye.
Mis en ligne : 25/06/202
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1 commentaires
Ibou
a ce rytme nous seron le pays le plus endeté
Le 2025-06-25 12:59:39

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