Le mercredi 25 juin 2025, à l’aube, un immeuble en construction de type R+3 s’est effondré dans le quartier de Darou Miname 28, à Touba. Le bâtiment s’est écroulé en partie sur une maison voisine habitée, provoquant la mort d’une personne et blessant plusieurs autres, dont deux enfants. Si les sapeurs-pompiers poursuivent leurs efforts pour retrouver d’éventuels survivants, une question centrale s’impose : comment en sommes-nous encore là ? Ce nouveau drame à Touba n’est pas un simple accident. Il est le reflet d’un système rongé par l’irresponsabilité et la corruption.
Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’un immeuble s’effondre au Sénégal. Depuis plusieurs années, ces tragédies se répètent, notamment dans les centres urbains comme Dakar, Pikine, Rufisque, ou Touba. Derrière chaque effondrement se cachent les mêmes ingrédients : non-respect des normes de construction, absence de contrôle rigoureux, utilisation de matériaux de mauvaise qualité, et surtout, complicité silencieuse de certaines autorités administratives.
Comment un immeuble de trois étages peut-il être construit à quelques mètres d’une maison familiale sans que les services compétents n’interviennent ? Comment la quincaillerie, située au rez-de-chaussée du bâtiment en chantier, a-t-elle pu fonctionner alors que la construction n’était pas encore achevée ? Il est difficile de croire que tout cela s’est fait sans l’aval d’agents de l’urbanisme ou des autorités locales. Dans bien des cas, des pots-de-vin suffisent à contourner les règles les plus élémentaires de sécurité. Il faut le dire sans détour : l’argent achète trop facilement le silence des institutions censées protéger les populations.
Ce drame de Touba est une conséquence directe d’un système corrompu, dans lequel des entrepreneurs véreux et des fonctionnaires coopèrent au détriment de la vie humaine. En 2021, à Lagos, au Nigeria, l’effondrement d’un immeuble de 21 étages avait fait plus de 40 morts. L’enquête avait révélé l’implication de responsables ayant validé les plans en échange d’avantages financiers. À Accra, au Ghana, des cas semblables ont également été recensés. Partout où les institutions baissent la garde, la tragédie frappe.
Le peuple sénégalais ne peut plus continuer à mourir sous les décombres de l’impunité. Chaque immeuble qui tombe rappelle l’inaction ou la compromission des services de contrôle, des collectivités territoriales et des ministères concernés. Il faut ouvrir des enquêtes, geler les permis délivrés de manière suspecte, sanctionner les auteurs et complices, et instaurer un contrôle indépendant des chantiers à risque.
Le drame à Touba n’est pas une fatalité. Il est la conséquence directe de choix humains, d’inactions coupables, et de démissions institutionnelles. Une vie a été perdue, d’autres ont été brisées, et demain, ce pourrait être vous, moi, ou nos enfants. L’heure n’est plus à la compassion passive. Elle est à l’exigence de justice, de transparence, et de rigueur.
Les autorités doivent prendre leurs responsabilités. Le peuple exige des réponses. Car tant que la corruption décidera de la solidité de nos murs, personne n’est à l’abri.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Aminata Ndiaye.
Mis en ligne : 25/06/2025
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