L’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle (IA) se répand rapidement dans les sphères politiques et universitaires africaines. Au Sénégal, cette fascination se traduit par un regain d’intérêt pour les technologies émergentes, censées moderniser l’administration, améliorer l’éducation et transformer l’économie. Toutefois, malgré ces ambitions affichées, il devient essentiel de s’interroger avec lucidité : l’IA, un rêve coûteux pour le Sénégal, est-elle une priorité réaliste dans un pays confronté à des défis fondamentaux ?
Une technologie pleine de promesses… sur le papier. Les partisans de l’intelligence artificielle soulignent avec insistance ses bénéfices : traduction automatique, automatisation des tâches, outils pédagogiques, diagnostic médical assisté… Le potentiel semble vaste. Des experts comme la professeure marocaine Amal El Fallah Seghrouchni ou le sociologue togolais Djagri Tindjo appellent à une IA éthique, adaptée aux réalités africaines.
Mais derrière cet optimisme, une vérité s’impose : l’IA, un rêve coûteux pour le Sénégal, se heurte à des obstacles structurels majeurs.
Le Sénégal, comme nombre de pays africains, ne dispose pas des prérequis pour développer ou accueillir à grande échelle une intelligence artificielle souveraine. La connectivité reste inégale, avec de nombreuses zones rurales exclues de l’Internet haut débit. L’approvisionnement électrique est encore aléatoire dans plusieurs localités. Les infrastructures numériques sont sous-développées et les budgets alloués à la recherche scientifique dérisoires.
Ainsi, l’IA, un rêve coûteux pour le Sénégal, pourrait rapidement devenir une source d’exclusion et d’inégalités si elle est déployée sans stratégie ancrée dans les réalités locales.
Comment justifier des investissements massifs dans l’IA quand des hôpitaux manquent d’équipements de base ? Quand le système éducatif peine à former des élèves en mathématiques ou en informatique ? Quand des quartiers entiers vivent encore sans eau potable ou électricité stable ?
L’IA, un rêve coûteux pour le Sénégal, risque d’aspirer des ressources publiques qui seraient mieux utilisées dans des domaines urgents : santé, éducation, agriculture, emploi des jeunes. Le pays ne peut pas se permettre de reproduire l’erreur de vouloir imiter des modèles étrangers sans tenir compte de son propre niveau de développement.
L’exemple de pays comme l’Inde montre que la numérisation sans inclusion peut aggraver les inégalités. Une minorité connectée profite des outils modernes, tandis que la majorité reste sur le bord de la route. Le Sénégal pourrait tomber dans le même piège si la course à l’IA se fait sans vision sociale.
L’IA, un rêve coûteux pour le Sénégal, ne doit pas devenir un slogan creux ni un caprice technocratique. L’innovation est importante, certes, mais elle doit être planifiée, contextuelle et démocratique. Avant de rêver de conquérir le numérique mondial, le Sénégal doit bâtir des fondations solides. Autrement, l’intelligence artificielle ne fera que renforcer une fracture déjà trop visible.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Fall.
Mis en ligne : 29/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.