Depuis des années, les sénégalais assistent, impuissants et résignés, à un spectacle consternant : des divergences entre la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (Conacoc) et la Commission d’observation lunaire (Cocl) de la Coordination des musulmans du Sénégal (CMS). Cette année encore, le CMS a fixé le début du mois lunaire un jour avant la Conacoc. Le Sénégal se retrouve ainsi, une fois de plus, à prier à contretemps du reste du monde musulman. Cette situation est inadmissible, humiliante, et elle doit cesser.
Le Sénégal, pays à plus de 90 % musulman, s’est tristement illustré ces dernières années par des divisions internes sur des questions aussi essentielles que le début et la fin du jeûne de Ramadan ou les fêtes de Tabaski et de Korité.
Ce qui devrait être un moment de communion devient un terrain de confusion, de frustration et parfois même de confrontation. Ce désordre est orchestré par deux entités censées guider les fidèles, mais qui se livrent à une guerre d’ego et d’influence.
L’observation du croissant lunaire est une question d’unité, de foi et de respect mutuel dans l’espace musulman. Partout ailleurs, les pays musulmans se consultent, s’alignent, se concertent pour prier ensemble, célébrer ensemble. Mais au Sénégal, on s’enferme dans une logique singulière, en dehors de toute concertation internationale. Des calculs empiriques se confrontent à des observations approximatives, dans une cacophonie qui n’honore ni la science, ni la religion.
Ce refus de s’aligner avec le reste de la Oumma fragilise notre lien avec elle. Il donne l’image d’un islam sénégalais cloisonné, arrogant dans sa singularité, peu soucieux de l’unité du monde musulman. C’est une blessure symbolique à la solidarité islamique, à un moment où cette unité devrait être renforcée face aux défis géopolitiques et identitaires qui menacent les musulmans partout dans le monde.
Premièrement, la répétition des divergences prouve l’échec des structures actuelles à s’entendre. L’autorité religieuse nationale est fragmentée, sans cadre de concertation fiable et permanent. Deuxièmement, la confusion constante installe un doute dans l’esprit des fidèles, surtout des jeunes, de plus en plus critiques et désabusés face aux querelles entre « savants ». Enfin, l’image internationale du Sénégal en tant que nation musulmane modérée et cohérente est sérieusement écornée.
Des pays comme le Maroc, l’Égypte, l’Arabie Saoudite ou même des communautés musulmanes minoritaires en Occident s’efforcent de s’unir, de respecter les annonces officielles, de privilégier l’intérêt collectif. Au Sénégal, chaque année, c’est une loterie lunaire, une cacophonie qui contraste violemment avec la discipline et la cohérence d’ailleurs.
Il ne s’agit pas d’un simple débat astronomique. Il s’agit de l’unité de notre peuple, de notre respect envers la Oumma et de la crédibilité de notre foi aux yeux du monde. Le Sénégal ne peut plus continuer à faire cavalier seul, à prétendre à une exception religieuse qui n’a ni fondement scientifique solide, ni légitimité spirituelle universelle.
Nous exigeons la dissolution de la Conacoc et du CMS , et la mise en place d’une instance unique, inclusive, transparente et connectée aux autres autorités religieuses musulmanes du monde. Le Sénégal doit cesser de s’ériger en île spirituelle au milieu d’un océan d’unité. Il faut réintégrer pleinement la Oumma, sans conditions, sans orgueil mal placé. Car chaque jour de prière isolée est un pas de plus vers la rupture avec nos frères musulmans du monde entier.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Malamine Fall.
Mis en ligne : 28/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.