Cette année, la 137e édition du pèlerinage marial à Popenguine revêt une dimension singulière. Elle coïncide avec la fête musulmane de la Tabaski, une conjonction rare mais riche de sens dans cette petite commune côtière, emblématique du dialogue interreligieux au Sénégal.
Dans les rues de Popenguine, les scènes de liesse ont une résonance particulière. Chrétien·ne·s venu·e·s des quatre coins du pays pour la Pentecôte croisent des familles musulmanes occupées à préparer le mouton de la Tabaski. La ferveur religieuse se mêle à une chaleur humaine palpable, nourrie par un esprit de fraternité qui semble s’être installé naturellement entre les deux communautés.
Cette convergence de célébrations a été accueillie avec une émotion partagée. Ousmane Diouf, musulman et proche de la famille du défunt cardinal Hyacinthe Thiandoum, y voit un signe providentiel :
« Le Bon Dieu nous montre un bel exemple d’unité et de fraternité entre les êtres humains. Je suis musulman, certains de mes proches sont chrétiens. À chaque fête, on partage tout. Lors des communions récemment, on a fêté ensemble. C’est ça, le vrai sens du dialogue islamo-chrétien. »
Même son de cloche chez Thérèse Ndoye, une habitante de la localité :
« Ici, il est difficile de distinguer qui est chrétien ou musulman. L’harmonie est totale. C’est extraordinaire ce que l’on vit à Popenguine. C’est un modèle de vivre ensemble. »
Pour Aïta Gueye, cette cohabitation pacifique ne se limite pas aux grandes occasions :
« Je suis très heureuse de cette coïncidence. Mais au-delà des fêtes, cette harmonie existe tout au long de l’année. Nous passons souvent du temps chez la famille du cardinal Thiandoum. Ici, les communautés vivent une vraie complicité. Chacune garde sa foi, mais dans le respect et l’amour. »
Dans ce contexte exceptionnel, le pèlerinage marial dépasse sa portée spirituelle. Il devient le symbole vivant d’un Sénégal où les différences confessionnelles ne sont pas sources de clivage, mais d’enrichissement mutuel. À Popenguine, la foi rassemble, là où ailleurs elle pourrait diviser.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 08/06/2025
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