Où sont passés tous ces milliards : Dialyse au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Santé | Par Eva | Publié le 02/07/2025 02:07:00

Où sont passés tous ces milliards : Dialyse au Sénégal

Le récent Congrès de la société sénégalaise de néphrologie, tenu à Saly, a mis en lumière une réalité troublante concernant la dialyse au Sénégal. Près de 6 milliards de FCFA sont dépensés chaque année pour soigner environ 1 500 patients souffrant d’insuffisance rénale via la dialyse.

Cette affirmation du Professeur Abdou Niang, président de la société sénégalaise de néphrologie, soulève une question essentielle : comment justifier un tel niveau de dépense publique pour une si faible couverture sanitaire ? La gestion des ressources publiques dans le cadre de la dialyse au Sénégal apparaît ainsi inefficace, injuste et symptomatique d’un système de santé profondément déséquilibré, où l’équité d’accès aux soins reste une promesse non tenue.

Le contexte est alarmant : dans un pays où des millions de citoyens peinent à accéder à des soins de base, où des hôpitaux publics sont sous-équipés et où l’assurance maladie reste largement inaccessible, consacrer 6 milliards de FCFA pour une cohorte de seulement 1 500 malades interpelle. Il ne s’agit pas de nier la gravité de l’insuffisance rénale, mais de pointer du doigt une allocation budgétaire qui, en l’état, manque d’efficience. Ce modèle de dépense ultra-concentrée ne fait que creuser davantage les inégalités d’accès aux soins.

La mise en avant de l’usine « Carrefour Médical Industrie » à Pout, qui fabrique localement des concentrés pour hémodialyse, est saluée comme une avancée vers la souveraineté pharmaceutique. Cependant, elle ne résout en rien la racine du problème : la faible capacité d’accueil du système de dialyse au Sénégal. L’État continue de dépenser sans que la majorité des patients potentiels ne puissent en bénéficier. La réduction du coût des consommables, bien qu’importante, ne compense pas l’absence d’une stratégie globale d’élargissement de l’accès au traitement.

Dans un pays où les besoins sanitaires sont immenses, accès à l’eau potable, vaccinations, soins maternels, prise en charge des maladies infectieuses, la canalisation d’une enveloppe aussi importante vers une pathologie certes sérieuse, mais traitée de manière exclusive, traduit une vision à courte vue. Ces 6 milliards de FCFA pourraient servir à moderniser des structures sanitaires, former du personnel, et surtout élargir la base bénéficiaire du système de soins. Ce manque de priorisation interroge non seulement sur la stratégie sanitaire nationale, mais aussi sur la transparence et la reddition de comptes autour des fonds publics.

Dans plusieurs pays africains, des approches communautaires et préventives ont été mises en place pour éviter l’escalade des maladies rénales, notamment par la promotion du dépistage, la prise en charge précoce de l’hypertension et du diabète, ou encore l’éducation nutritionnelle. Le Sénégal, en se focalisant sur la prise en charge curative d’un petit groupe, ignore des stratégies de santé publique plus rentables et inclusives.

Les autorités sénégalaises doivent revoir leurs priorités. Soigner 1 500 personnes avec 6 milliards de FCFA, dans un pays où des millions attendent encore un lit d’hôpital ou une consultation gratuite, est un non-sens sanitaire et moral. Une transparence sur l’utilisation des fonds, une évaluation des coûts-bénéfices, et une réallocation partielle des ressources vers des programmes de santé publique à fort impact sont urgentes. Le Sénégal ne peut plus se permettre un luxe aussi coûteux au détriment du plus grand nombre.

Les citoyens exigent des comptes sur l’utilisation des fonds publics en santé. Car un système qui soigne peu avec beaucoup trahit l’intérêt général.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mor Faye.
Mis en ligne : 02/07/2025

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Sow
dans le ventre a Farba Ngom
Le 2025-07-02 17:15:16
Zeyna
deuk bi liniou wara wakh mo beuri
Le 2025-07-02 11:45:57

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