Ce mardi matin, le journaliste et patron de presse Madiambal Diagne a été convoqué par la Division de la Cybercriminalité pour être entendu dans le cadre d’une enquête initiée suite à un tweet dans lequel il s’indignait des propos tenus par le député Amadou Ba (Pastef) sur la TFM. Cette convocation, présentée officiellement comme une démarche judiciaire, soulève des questions quant à l’usage des institutions judiciaires pour restreindre la liberté de la presse.
Avec tout le respect dû aux acteurs concernés, cette convocation apparaît comme un abus de pouvoir qui menace l’indépendance de la presse et fragilise la démocratie.
Dans un contexte où la liberté de la presse est un pilier de toute société démocratique, chaque voix critique ou contestataire doit pouvoir s’exprimer sans crainte de représailles judiciaires. Pourtant, l’audition de Madiambal Diagne, non pas pour des propos diffamatoires directs, mais pour un simple tweet dénonçant des déclarations d’un élu, envoie un signal inquiétant. Ce geste des autorités judiciaires pourrait être perçu comme une tentative d’intimidation à l’encontre d’un journaliste reconnu, visant à dissuader tout commentaire critique ou toute analyse indépendante sur la scène publique.
L’analyse approfondie de cette situation met en lumière un usage potentiellement détourné des instruments légaux à des fins politiques. Le parquet, en s’autosaisissant sur la base d’un simple tweet, semble emprunter une voie dangereuse qui confond critique légitime et délit. Le risque est alors clair : l’institution judiciaire se transforme en bras répressif, au lieu d’être un garant impartial des droits et libertés. Cette dérive compromet l’indépendance judiciaire, principe fondamental sans lequel la justice perd toute crédibilité.
À l’échelle internationale, des cas similaires illustrent les dangers de l’instrumentalisation de la justice contre la liberté de la presse. En Russie, en Turquie ou encore au Venezuela, des journalistes sont régulièrement poursuivis pour avoir exprimé des opinions dissidentes, utilisant des lois vagues pour étouffer la critique. Au Sénégal, pays qui se targue d’être un modèle de démocratie en Afrique, de tels agissements risquent de ternir cette réputation et d’envoyer un message erroné aux citoyens et à la communauté internationale.
De surcroît, cette convocation intervient dans un contexte politique tendu, où la défiance envers les institutions est déjà forte. Recourir à la loi pour sanctionner des tweets ou des commentaires publics contribue à installer un climat de peur et de suspicion. Cela nourrit la défiance envers la justice et fragilise la cohésion sociale. Le rôle des autorités judiciaires devrait au contraire être de protéger la liberté d’expression, même lorsqu’elle dérange, afin de garantir un débat démocratique sain et pluraliste.
Il faut exiger le respect de l’indépendance judiciaire et la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier. Les autorités doivent renoncer à toute forme d’intimidation judiciaire contre ceux qui dénoncent, analysent ou critiquent. La presse libre est un contre-pouvoir nécessaire qui contribue à la transparence, à la bonne gouvernance et à l’épanouissement démocratique.
Cette convocation de Madiambal Diagne illustre un abus manifeste d’usage du pouvoir judiciaire qui, sous couvert de légalité, menace la liberté d’expression au Sénégal. Face à cela, le grand public et les acteurs de la société civile doivent se mobiliser pour défendre une justice indépendante et une presse libre. Les autorités doivent comprendre que museler les voix critiques ne fera que creuser le fossé entre le pouvoir et le peuple. Pour la santé de notre démocratie, cette convocation doit être dénoncée et les droits fondamentaux doivent être respectés sans compromis.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sophie Mbalo.
Mis en ligne : 14/07/2025
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