Une vidéo virale, captée par une caméra de surveillance, montre une femme déposant furtivement des œufs brisés devant une porte, à l’aube. Ce geste, silencieux mais lourd de symboles, a rapidement embrasé les réseaux sociaux. Pour beaucoup, il s’agit d’un acte mystique malveillant, une tentative d’envoûtement ou de sabotage par la sorcellerie. Ce fait divers, aussi troublant que révélateur, soulève une question fondamentale : jusqu’à quand allons-nous rester prisonniers du piège des croyances mystiques ?
De tels actes ne relèvent ni du spirituel ni du surnaturel, mais bien de l’ignorance. Ils témoignent d’un recul de la raison dans une époque pourtant marquée par l’accès généralisé à l’éducation et à l’information.
Les croyances mystiques continuent d’imprégner la vie sociale, familiale et professionnelle de nombreux citoyens. Un simple différend, un soupçon de jalousie, ou même le succès d’un voisin peuvent suffire à faire naître des accusations de « maraboutage », souvent appuyées par des gestes symboliques comme ceux observés dans la vidéo. Pourtant, dans une société qui prétend aspirer au développement, ce recours systématique aux forces occultes est non seulement rétrograde, mais dangereux.
Qu’une personne prenne le soin de sortir à l’aube, pour accomplir un rituel visant à intimider ou porter préjudice à autrui, montre à quel point certaines mentalités sont encore enracinées dans la peur de l’invisible. Ce n’est pas seulement l’acte qui est à condamner, mais la croyance qui l’alimente. Car derrière l’apparente inoffensivité de quelques œufs cassés se cachent des blessures psychologiques, des conflits familiaux attisés, des réputations brisées, et parfois même des violences.
Il faut affronter la vérité : ces pratiques ne sont que le reflet d’une éducation lacunaire, où la pensée critique peine à s’imposer face à la tradition. L’école, les médias et les leaders d’opinion ont un rôle important à jouer pour déconstruire ces croyances mystiques. Expliquer les causes rationnelles des échecs, promouvoir la science et valoriser la réflexion autonome sont les seules voies pour désamorcer la peur de l’invisible.
Dans d’autres contextes, notamment en Europe ou en Amérique du Nord, des phénomènes similaires ont existé, comme les procès en sorcellerie de Salem. Mais ces sociétés ont su tourner la page de cette ère sombre grâce à une révolution intellectuelle fondée sur les Lumières, la raison et le progrès scientifique. Nous devons suivre cet exemple.
Le plus inquiétant dans cette affaire, ce n’est pas la femme qui casse des œufs, mais le fait qu’une large partie de la population trouve cela crédible, voire redoutable. Cette acceptation silencieuse, presque naturelle, d’actes occultes montre à quel point la pensée magique continue d’exercer son emprise.
Il faut rompre avec ces pratiques qui freinent notre développement collectif. À l’heure des technologies de pointe, de l’intelligence artificielle et de la conquête spatiale, croire que la réussite d’un individu peut être détruite par des œufs déposés à l’aube est non seulement absurde, mais tragique.
Refusons que notre société soit gouvernée par la peur et l’irrationnel. Promouvons l’éducation, la pensée critique et le respect de l’autre. Les œufs brisés ne sont pas des malédictions, mais les débris d’un obscurantisme que nous devons balayer une bonne fois pour toutes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fatma Thiam.
Mis en ligne : 16/07/2025
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