L’affaire récente impliquant O. Niasse, un marabout de 29 ans placé en garde à vue pour torture sur un jeune talibé de 9 ans, met en lumière un problème grave et trop souvent passé sous silence. Le fait que ce dernier ait enchaîné un enfant, prétendant l’« éduquer », soulève une question fondamentale : comment certains individus peuvent-ils utiliser la religion, censée être un guide spirituel, pour justifier des actes de maltraitance et de violence ?
Au Sénégal, comme dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, les daaras jouent un rôle important dans l’enseignement coranique et la formation spirituelle des jeunes. Pourtant, ce système, en raison de sa faible régulation et de certaines pratiques archaïques, peut rapidement devenir un terreau propice aux abus. Les talibés, enfants confiés à des marabouts, sont parfois victimes de maltraitances physiques, psychologiques, voire d’exploitation. Le cas de K. Dabo, enchaîné au point de ne pouvoir se déplacer librement, illustre tristement cette réalité.
Le marabout O. Niasse a reconnu avoir enchaîné le Talibé justifiant son geste par une prétendue volonté d’éducation. Cette justification est non seulement moralement inacceptable, mais aussi juridiquement condamnable. Enchaîner un enfant, l’empêcher de se déplacer librement, et le punir de manière violente n’a rien à voir avec une pédagogie saine ou un enseignement religieux authentique. C’est une forme d’esclavage moderne et une violation flagrante des droits de l’enfant garantis par la Convention internationale des droits de l’enfant, que le Sénégal a ratifiée.
L’utilisation de la religion pour justifier la violence est un phénomène qui dépasse ce seul cas. Trop souvent, certaines pratiques ancestrales ou interprétations rigides sont utilisées comme un paravent pour des comportements abusifs. Cette instrumentalisation pervertit le message spirituel, qui prône au contraire la compassion, la justice et la dignité humaine. Cela alimente la méfiance envers les institutions religieuses et nuit profondément à la cohésion sociale.
À travers le monde, nous voyons des situations similaires. Par exemple, dans certains pensionnats religieux, la maltraitance d’enfants a été révélée, suscitant une condamnation universelle. En Inde, des cas de maltraitance dans des écoles religieuses ont aussi choqué l’opinion publique. Ces exemples montrent que ce n’est pas un problème isolé au Sénégal, mais une dérive qui peut survenir partout où le pouvoir est exercé sans contrôle, sous couvert d’autorité religieuse.
Il faut instaurer une régulation stricte des établissements coraniques et d’imposer un cadre légal qui protège les enfants contre toute forme de violence. Par ailleurs, il faut sensibiliser les communautés sur les droits des enfants et promouvoir une éducation religieuse basée sur des valeurs de respect et de bienveillance. Les autorités doivent agir avec fermeté pour que la religion ne devienne jamais un refuge pour des actes inhumains.
L’affaire O. Niasse doit servir de signal d’alarme. La religion ne doit jamais être instrumentalisée pour justifier des violences. Chaque enfant mérite d’être protégé, respecté, et éduqué dans la dignité. Le marabout qui prétend « éduquer » par la torture doit être sévèrement sanctionné, non seulement pour punir l’individu, mais pour envoyer un message clair à toute la société : les traditions religieuses ne peuvent justifier l’inacceptable. Il faut remettre l’éthique et les droits humains au cœur de nos pratiques religieuses et éducatives. Toute forme de maltraitance, sous couvert de foi, doit être combattue avec la plus grande détermination.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mouhamed Kane.
Mis en ligne : 28/07/2025
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