Le corps sans vie de Serigne Issa Touré, un marabout accusé de viol, de détournement de mineurs et d’actes contre-nature, a été retrouvé dans un puits à Bambilor. Sa mort, survenue dans des circonstances obscures après plusieurs semaines de disparition, relance le débat sur le traitement réservé aux figures religieuses impliquées dans des affaires criminelles. Il faut dénoncer l’impunité et le silence complice qui entourent certaines figures religieuses au Sénégal.
Serigne Issa Touré était recherché par les forces de l’ordre depuis le 3 juin dernier. Les accusations portées contre lui sont d’une gravité extrême : abus sexuels sur mineurs et disciples. Pourtant, malgré l’émotion que suscite ce genre de crimes, c’est une atmosphère de déni et de protection malsaine qui semble avoir entouré cette affaire. Même après la découverte de son cadavre, des tentatives d’inhumation discrète ont été orchestrées par ses disciples, sans autopsie, sans justice. Pourquoi tant de précipitation à enterrer la vérité ?
Ce qui frappe dans cette affaire, ce n’est pas seulement l’horreur des accusations, mais la complaisance qui entoure leur traitement. Un homme soupçonné de crimes aussi graves, porté disparu pendant des semaines, puis retrouvé mort dans un puits, aurait dû susciter une mobilisation massive des autorités judiciaires, religieuses et sociales. Au lieu de cela, on assiste à des tentatives de récupération du corps dans la discrétion, comme si le simple fait de porter une tenue religieuse devait suffire à effacer toute culpabilité.
Trop souvent, les crimes commis par certains marabouts sont étouffés sous prétexte de respect religieux. Cette impunité encourage la récidive et détruit des vies innocentes.
Alors que des citoyens ordinaires sont exposés publiquement et rapidement jugés, certains chefs religieux semblent bénéficier d’un traitement de faveur.
Des individus se réclament de Dieu tout en se livrant aux pires actes. Ils manipulent la foi des fidèles, qui deviennent complices involontaires de leur silence.
Pourquoi vouloir enterrer discrètement un homme soupçonné de crimes aussi graves ? Pourquoi ce mutisme de certains chefs religieux sur ces dérives ?
De nombreux cas similaires ont été recensés dans le pays : marabouts accusés de viols, d’abus de pouvoir, de pratiques occultes illégales, sans que les poursuites n’aillent jusqu’au bout. À chaque fois, le même schéma : peur de dénoncer, pression sur les victimes, silence des autorités religieuses.
Dans d’autres pays à majorité musulmane ou chrétienne, comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud, les autorités judiciaires n’hésitent plus à traduire en justice des figures religieuses accusées de crimes. Pourquoi le Sénégal traîne-t-il encore à faire tomber le voile sur ces pratiques ? À titre d’exemple, le célèbre pasteur nigérian Timothy Omotoso a été poursuivi pour des faits similaires, et l’État n’a pas hésité à médiatiser le procès pour briser le tabou.
L’affaire Serigne Issa Touré est bien plus qu’un fait divers : c’est le révélateur d’un mal profond. Le respect des figures religieuses ne doit jamais devenir un bouclier pour les criminels. Il faut briser le silence, exiger des enquêtes rigoureuses, et rappeler que nul, fût-il marabout ou imam, n’est au-dessus de la loi. La foi véritable ne s’épanouit que dans la lumière, la vérité et la justice.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 01/08/2025
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