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L’arrestation récente de 18 étrangers à Saly, soupçonnés d’appartenir à un réseau d’escroquerie lié à la société QNET, a été présentée comme un coup de filet spectaculaire par les forces de l’ordre. Selon les informations relayées par les médias, l’enquête a été déclenchée après la plainte d’un ressortissant étranger, floué de 650 000 francs CFA. Si cette action policière mérite d’être saluée pour sa réactivité, il convient toutefois de prendre du recul. Ce genre d’opération, aussi spectaculaire soit-elle, ne doit pas masquer une réalité plus profonde : l’échec systémique à traiter les causes structurelles de ce type d’escroquerie.
Depuis plusieurs années, des alertes sont régulièrement lancées sur les pratiques douteuses de certaines sociétés de vente directe opérant au Sénégal, à l’image de QNET. Ce modèle économique, souvent présenté comme une opportunité de « business » accessible à tous, a été maintes fois dénoncé pour ses méthodes proches du système pyramidal : promesses d’enrichissement rapide, recrutement de nouveaux membres comme condition de rémunération, pression psychologique sur les recrues, etc.
Pourtant, malgré les signalements, les autorités peinent à mettre en place une régulation claire et efficace de ces entreprises.
Ce n’est donc pas la chute d’un groupe de dix-huit personnes qui changera la donne. L’ampleur du phénomène dépasse largement ce coup d’éclat policier. En réalité, ces arrestations ressemblent davantage à une opération de communication qu’à une réponse stratégique. Car le véritable défi, c’est de s’attaquer aux racines : pourquoi ces réseaux prospèrent-ils au Sénégal ? Pourquoi attirent-ils tant de jeunes, souvent sans emploi et désabusés, prêts à croire à des mirages économiques ? Et surtout, pourquoi la régulation des sociétés de vente directe reste-t-elle aussi floue et laxiste ?
En outre, la dimension migratoire de l’affaire, les suspects étant aussi poursuivis pour séjour irrégulier, mérite d’être interrogée. Comment se fait-il que des dizaines d’étrangers puissent s’installer, recruter, organiser des réseaux dans un cadre aussi visible que Saly, sans que les services de l’immigration n’aient réagi plus tôt ? Le laisser-faire administratif a, ici, contribué à entretenir un terrain fertile pour la fraude. On peut légitimement se demander si ces interpellations ne sont pas un cache-misère venant masquer une défaillance globale de contrôle.
Des scandales similaires liés à QNET ou à des sociétés analogues ont éclaté dans d’autres pays d’Afrique, comme la Côte d’Ivoire, la Guinée ou le Cameroun. Dans certains cas, les autorités ont pris des mesures fermes, allant jusqu’à interdire les activités de la société. Le Sénégal, lui, semble se contenter d’agir par à-coups, sans vision d’ensemble. Cette posture réactive n’est pas à la hauteur des enjeux.
Il faut cesser de traiter les symptômes et d’ignorer la maladie. Le gouvernement doit instaurer un cadre légal rigoureux pour encadrer la vente directe et renforcer le contrôle migratoire, tout en menant un véritable travail de sensibilisation auprès des populations vulnérables.
L’arrestation de dix-huit personnes n’est pas une victoire. C’est un rappel brutal de notre impréparation face à une forme d’escroquerie bien organisée et adaptable. Tant que les racines du problème ne seront pas arrachées, d’autres réseaux continueront de germer.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mamy B. Faye.
Mis en ligne : 16/08/2025
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