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Le bilan provisoire de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers lors de la 131ᵉ édition du Grand Magal de Touba, 640 victimes prises en charge, 395 interventions, 21 décès, pose une réalité accablante. Il est inacceptable que, chaque année, la ferveur du Magal s’accompagne de drames évitables.
Le Grand Magal de Touba, pèlerinage central pour des millions de fidèles, mobilise chaque année des moyens considérables : pour cette édition, 554 sapeurs-pompiers appuyés par 93 véhicules spécialisés ont été déployés selon un plan organisé autour de la ville sainte, ses axes d’accès et les casernes environnantes, avec des unités spécialisées et un détachement à Touba et à Kaolack face aux risques d’inondation. Malgré tout, les accidents de la route restent la principale cause de mortalité : sur 240 sinistres, 575 victimes et 18 décès, dont 11 motocyclistes. Le dispositif existe, mais visiblement ne suffit pas.
Le dispositif logistique pléthorique, plus de 500 sapeurs, 93 véhicules, plans d’intervention, devrait garantir une sécurité maximale. Pourtant, le bilan tragique indique un fossé entre les intentions et les réalités du terrain. Les accidents de la route dominent : une majorité de victimes, plusieurs décès, motos particulièrement impliquées. C’est ce décalage, cette inefficacité prévisible malgré les moyens, qu’il faut pointer du doigt.
Surcharge des véhicules, vitesse excessive, non-respect des règles, routes encombrées… Ces comportements à risque sont enracinés. Malgré la présence de secours, si chacun ne se sent pas concerné, le dispositif restera insuffisant.
Les autorités religieuses, fortes d’une immense influence, ont une responsabilité morale de rappel, d’éducation et de conseil pour des déplacements plus sûrs. Leur voix peut transformer les comportements, pour peu qu’elle soit mobilisée avec force.
Dans d’autres rassemblements religieux de grande ampleur, pèlerinages à La Mecque, processions catholiques, marches de masse, on observe l’adoption de campagnes de sensibilisation massives, messages clairs, infrastructures adaptées, amendes dissuasives. Leur résultat ? Une baisse notable des accidents. Pourquoi ne pas s’inspirer de ces pratiques ?
Prenons le pèlerinage à La Mecque : les autorités saoudiennes mènent des campagnes de sécurité routière, diffusées en plusieurs langues, utilisent des plateformes numériques pour informer sur les zones à haut risque, imposent des limitations de vitesse très surveillées. Résultat : une prise de conscience renforcée, des conducteurs plus prudents, des dispositifs physiques de ralentissement. Au Grand Magal, peu ou pas de campagne choc, peu de pression sociale sur le comportement routier. Ce contraste est frappant.
Les fidèles acceptent-ils ces conditions dangereuses par fatalisme, par manque d’alternatives, ou par ignorance des risques ? Ce fatalisme, qu’il soit individuel ou collectif, ne doit pas masquer la responsabilité commune. Accepter en silence que des morts se comptent en dizaines chaque édition, c’est normaliser l’inacceptable. Cela appelle à un sursaut collectif, sans stigmatiser les victimes, mais en interrogeant les consciences : pourquoi continuer ainsi ?
Il est urgent de lancer une campagne choc de sécurité routière, à diffuser avant, pendant et après le Magal : vidéos poignantes, témoignages, infographies, messages précis sur la vitesse, la surcharge, les zones à haut danger. Mobiliser les guides religieux comme porte-parole de cette campagne renforcerait son impact. Rentabiliser les véhicules et les sapeurs sur place par du conseil actif, distribuer brochures, parler aux pèlerins, rappeler les gestes simples, peut transformer l’efficacité du dispositif.
Ce bilan tragique met en lumière non seulement l’importance d’un dispositif préventif, mais surtout l’urgence d’une vigilance de tous : autorités, guides religieux, conducteurs, pèlerins eux-mêmes. Si le Magal veut rester un moment de ferveur, il est indispensable de refuser collectivement les accidents. Mon appel à action est simple et tranchant : exigeons une culture de la sécurité réellement partagée et agie, dès aujourd’hui, pour que la piété ne se paie plus du prix de vies humaines innocentes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : El Hadji Diallo.
Mis en ligne : 21/08/2025
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