Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
La récente escalade verbale entre Benjamin Netanyahu et Emmanuel Macron, autour de la reconnaissance de l’État palestinien et de l’accusation d’antisémitisme, dépasse largement un simple désaccord diplomatique. Elle révèle surtout comment deux dirigeants en difficulté sur leur scène intérieure utilisent une crise internationale pour masquer leurs propres échecs.
Netanyahu, confronté à une impopularité croissante en Israël et à une guerre à Gaza de plus en plus contestée, choisit la France comme bouc émissaire. De son côté, Macron, affaibli par des années de diplomatie hésitante au Proche-Orient et en quête de légitimité sur la scène internationale, exploite la reconnaissance de la Palestine comme un geste médiatique, sans en mesurer les conséquences réelles. Dans ce dialogue de sourds, ce sont les populations civiles, juives en France, palestiniennes à Gaza, qui en paient le prix le plus lourd.
Depuis les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 et la riposte israélienne à Gaza, la relation franco-israélienne s’est considérablement détériorée. Macron, après avoir affiché une solidarité immédiate avec Israël, a progressivement pris ses distances, critiquant la stratégie militaire israélienne et dénonçant la tragédie humanitaire à Gaza. Netanyahu, quant à lui, isolé sur la scène internationale et fragilisé politiquement dans son pays, cherche à mobiliser son électorat en brandissant la menace de l’antisémitisme et en accusant la France de complaisance envers les ennemis d’Israël.
Sa lettre à Macron, l’accusant d’alimenter la haine antisémite en annonçant la reconnaissance de l’État palestinien, s’inscrit parfaitement dans cette logique de diversion. Pour la France, cette reconnaissance programmée pour septembre 2025 apparaît comme un geste symbolique en faveur des droits des Palestiniens, mais aussi comme un aveu d’impuissance face à l’absence de solution concrète.
La France abrite la plus grande communauté juive d’Europe et une importante population arabo-musulmane sensible au sort des Palestiniens. Ce contexte rend toute prise de position explosive. Pourtant, plutôt que de rechercher un terrain d’entente, les deux dirigeants préfèrent la surenchère verbale, aggravant les tensions sans offrir la moindre perspective de paix.
Le Premier ministre israélien n’est plus le leader incontesté qu’il fut. Critiqué pour sa gestion de la guerre à Gaza, plus de 62 000 Palestiniens y ont perdu la vie selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, il se sert de l’accusation d’antisémitisme pour détourner l’attention de ses échecs. En accusant Macron, il transforme un débat géopolitique en une question morale, assimilant opposition à Israël et antisémitisme, un amalgame dénoncé par de nombreux observateurs, y compris dans la communauté juive.
Les actes antisémites en France sont réels et préoccupants, mais leur instrumentalisation par Netanyahu masque les enjeux critiques : absence de stratégie post-conflit, otages encore détenus par le Hamas et fragilité économique du pays.
Emmanuel Macron, affaibli par des revers diplomatiques et une image ternie, adopte une posture moralisatrice. La reconnaissance de l’État palestinien, bien que symbolique, n’a aucun impact concret sur le terrain. Elle survient alors que la France n’a pas su peser pour un cessez-le-feu ou pour relancer des négociations sérieuses. Cette décision risque au contraire d’aggraver les divisions internes, entre les communautés juives et arabo-musulmanes, tout en laissant les Palestiniens dans l’attente de mesures tangibles.
Le plus grave est que ces manœuvres politiques sacrifient les intérêts des populations civiles. En France, les Juifs sont pris en étau entre la montée de l’antisémitisme et l’instrumentalisation politique. À Gaza, les Palestiniens continuent de subir les conséquences d’un conflit dévastateur, sans espoir immédiat de voir émerger un État viable. L’échec de la diplomatie responsable est manifeste : aucun des deux dirigeants ne propose de solution réaliste. Netanyahu refuse de discuter de l’après-guerre, Macron se limite à des gestes symboliques.
La solution à deux États, pourtant soutenue par la communauté internationale, paraît plus lointaine que jamais. Netanyahu utilise l’antisémitisme comme bouclier pour éviter le débat sur la colonisation et les droits des Palestiniens, tandis que Macron se contente d’incantations, sans mécanisme concret pour les réaliser. Le statu quo perdure, au détriment des vies civiles.
La crise franco-israélienne est le résultat d’un calcul cynique de dirigeants qui préfèrent exploiter les tensions pour masquer leurs échecs. Netanyahu politise l’antisémitisme pour détourner l’attention de Gaza, Macron use du symbolisme pour masquer l’absence de stratégie cohérente. L’Histoire jugera sévèrement ceux qui ont choisi la confrontation stérile plutôt que la paix.
Il faut que la France et Israël dépassent cette logique de rivalité. La France doit assumer un rôle de médiateur actif, proposer un cessez-le-feu et relancer les négociations. Israël doit accepter que la sécurité ne se construit pas sur l’oppression d’un peuple entier. Aux dirigeants, il faut dire clairement : assez de postures, assez de diversions. Les populations juives et palestiniennes ne peuvent pas attendre que vos échecs soient oubliés. Elles méritent mieux que d’être les otages de vos stratégies électorales.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Amy Collé.
Mis en ligne : 26/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
