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Le vol Air France AF718, reliant Paris à Dakar, a récemment été le théâtre d’un incident particulièrement inquiétant. Deux heures après le décollage, une passagère a menacé l’équipage en criant « Je veux tuer », provoquant un demi-tour d’urgence vers Charles-de-Gaulle. Si l’événement a été qualifié de rare par la compagnie et les médias, il soulève de sérieuses questions sur la préparation des équipages face aux passagers en crise. La gestion des troubles du comportement à bord montre des lacunes inquiétantes qui mettent en danger la sécurité aérienne.
Les vols long-courriers, comme la liaison Paris-Dakar, transportent une clientèle très diversifiée, exposée à de nombreux stress : démarches administratives complexes, attentes prolongées à l’embarquement, pressions personnelles ou familiales. Ces facteurs peuvent exacerber des troubles psychologiques latents, rendant certains passagers imprévisibles. Pourtant, les incidents graves restent rares, mais leur impact est considérable lorsque la prévention fait défaut.
Dans le cas du vol AF718, c’est l’improvisation qui a permis de contenir la situation : l’intervention des passagers, l’aide d’un médecin présent à bord et la décision du commandant de bord ont limité le drame. Cette réactivité est louable, mais elle masque un problème de fond : pourquoi une passagère en crise a-t-elle pu mettre en danger un vol entier sans que des mesures préventives efficaces existent ? La formation des équipages pour gérer des comportements violents ou psychologiquement instables reste insuffisante et dépend trop de la chance et de la présence de professionnels compétents parmi les passagers.
Les protocoles standards de gestion des passagers perturbateurs ne suffisent pas toujours à anticiper les crises psychologiques sévères. Les compagnies aériennes, soucieuses de préserver leur image, minimisent souvent les incidents et ne publient pas de données sur les vols perturbés chaque année. Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), plusieurs centaines de vols long-courriers connaissent chaque année des perturbations dues à des passagers violents ou instables, suggérant que le problème est loin d’être marginal. Air France et d’autres transporteurs doivent renforcer la formation de leurs équipages et la mise en place de mesures préventives, plutôt que de se limiter à gérer l’urgence lorsqu’elle survient.
Des situations similaires ont été rapportées sur des vols Londres-Nairobi ou New York-Johannesburg, où la combinaison stress élevé, fatigue et troubles psychologiques a conduit à des incidents comparables. Ces exemples montrent que le problème n’est pas culturel mais structurel et qu’une meilleure anticipation est nécessaire sur toutes les lignes long-courriers.
Le demi-tour du vol AF718 n’est pas un simple fait divers : il révèle des fragilités inquiétantes dans la gestion des passagers en crise. L’aviation civile doit adopter une approche plus proactive, en renforçant la formation des équipages et en mettant en place des protocoles clairs pour prévenir ce type de situation. Tant que ces mesures ne seront pas généralisées, chaque vol, Paris-Dakar ou ailleurs, restera exposé à des risques que l’on préfère qualifier de « rares » pour éviter de nuire à l’image des compagnies. La sécurité des passagers mérite mieux que la simple improvisation.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Racine Diouf.
Mis en ligne : 26/08/2025
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