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Récemment, la Brigade régionale des stupéfiants (BRS) de Kaolack a interpellé quatre présumés dealers lors du Gamou de Médina Baye, saisissant 95 pilules d’ecstasy et 47 grammes de haschisch. Parmi les interpellés figuraient deux ressortissants gambiens, révélant une fois de plus comment les événements spirituels deviennent des terreaux fertiles pour le trafic de drogue et la délinquance organisée.
Si ces opérations policières sont saluées, elles soulèvent une question troublante : pourquoi les autorités religieuses et étatiques laissent-elles ces rassemblements sacrés se transformer en zones de non-droit ?
Le Gamou, comme le Magal de Touba ou le pèlerinage de Tivaouane, attire chaque année des millions de fidèles. Ces moments de ferveur spirituelle, censés incarner la paix et la dévotion, sont désormais ciblés par des trafiquants qui exploitent l’affluence et la bienveillance des participants. La présence récurrente de stupéfiants et de dealers gambiens n’est pas un hasard, mais le résultat d’une stratégie mûrie : les réseaux savent que les forces de l’ordre, submergées par l’ampleur de ces événements, ne peuvent tout contrôler. Pire, l’image d’harmonie et de tolérance qui entoure ces célébrations sert de paravent à l’impunité.
Les trafiquants agissent en toute tranquillité, car personne n’ose briser l’image idyllique de ces rassemblements. Les autorités religieuses, pourtant influentes, restent étonnamment discrètes sur ces dérives. Où sont les prêches contre la drogue ? Pourquoi ne pas instaurer des contrôles stricts à l’entrée des sites, comme pour les grands événements sportifs ou culturels ? Leur silence interroge : est-il dû à la peur de scandaliser, ou à des intérêts plus obscurs ?
La situation n’est pas unique au Sénégal. Dans d’autres pays, les grands pèlerinages ont déjà été le théâtre de trafics et d’escroqueries malgré des dispositifs sécuritaires renforcés. Pourtant, dans ces contextes, les autorités religieuses et politiques dénoncent publiquement ces pratiques et durcissent les sanctions. Au Sénégal, en revanche, les réactions restent timides, comme si la sacralité de l’événement primait sur la sécurité des fidèles.
Les trafiquants profitent de la surcharge des forces de l’ordre et de la réticence à « saler » l’événement. Ils savent que les arrestations ne visent que les petits dealers, jamais les commanditaires. Les guides religieux, pourtant respectés, ne condamnent pas assez fermement ces pratiques. Leur mutisme donne l’impression d’une tolérance passive, voire d’une complicité. Faut-il attendre une overdose collective ou une vague de violences liées à la drogue pour agir ? Les saisies récentes montrent que le problème est déjà là, mais les mesures préventives brillent par leur absence.
Les grands rassemblements religieux doivent rester des moments de spiritualité, pas des marchés pour le crime organisé. Il faut que les autorités religieuses brisent leur silence, que l’État renforce les contrôles, et que la société civile exige des comptes. Sinon, ces événements, piliers de la culture sénégalaise, risquent de perdre leur sens, et leur âme.
Une comparaison avec d’autres pèlerinages internationaux montre que la lutte contre la criminalité est possible sans sacrifier l’esprit de ces rassemblements. Encore faut-il en avoir la volonté. La foi ne doit pas servir de bouclier à l’illégalité. Protéger nos traditions, c’est aussi les préserver de ceux qui les souillent.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Faye.
Mis en ligne : 13/09/2025
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