Le collectif des travailleurs de l’Association de financement des transports urbains (AFTU) a annoncé, ce dimanche 14 septembre 2025, un arrêt total de leurs activités à partir du lendemain, en réponse à l’insécurité croissante qui menace leur intégrité physique. Si cette décision se comprend, elle plonge des milliers de Sénégalais dans une situation intenable : déjà exposés à la violence et à la précarité des transports, les usagers, surtout les plus modestes, deviennent les premières victimes collatérales d’un système défaillant. Cette grève, bien que légitime, révèle une fois de plus l’incurie des dirigeants et l’abandon des citoyens les plus vulnérables.
Les transports publics à Dakar sont depuis des années le théâtre de dysfonctionnements chroniques : véhicules vétustes, surcharge, insécurité routière et violences contre les travailleurs et les passagers. Les minibus « Tata », pilier de la mobilité dakaroise, sont régulièrement la cible d’actes de saccage, tandis que les promesses de sécurisation restent lettres mortes. Les travailleurs, en première ligne, subissent ces violences au quotidien, mais ce sont les usagers qui en paient le prix fort.
L’arrêt des transports publics ne frappe pas tout le monde de la même manière. Ceux qui peuvent se permettre un taxi ou un véhicule personnel contourneront la crise, tandis que les travailleurs précaires, les étudiants et les petits commerçants n’ont d’autre choix que de marcher des kilomètres ou de recourir à des solutions de fortune, comme les charrettes ou les « tiak-tiak », souvent à des tarifs exorbitants. Lors de précédentes grèves, les prix des trajets alternatifs ont explosé, avec des tarifs multipliés par trois ou quatre, creusant encore les inégalités sociales. Les plus pauvres, déjà fragilisés par la hausse du coût de la vie, se retrouvent ainsi doublement pénalisés : victimes de l’insécurité et otages d’un système qui les abandonne.
Cette situation n’est pas une fatalité. Dans d’autres pays africains, des mesures ont été prises pour sécuriser les transports : renforcement des contrôles, modernisation des flottes et mise en place de cellules de crise dédiées. Au Sénégal, en revanche, les annonces se succèdent sans effet. En 2023, une commission interministérielle avait pourtant proposé plusieurs mesures urgentes pour améliorer la sécurité routière, dont une grande partie concernait directement les transports. Les usagers, eux, attendent toujours des résultats concrets.
Pire, les solutions alternatives, comme les plateformes de mobilité partagée, peinent à s’imposer en Afrique de l’Ouest, avec un taux d’échec important. Le manque de volonté politique et l’absence de vision à long terme transforment chaque crise en un cercle vicieux : insécurité, grève, paralysie, puis retour à la case départ.
Il faut que les autorités assument leurs responsabilités. Les usagers ne peuvent plus être les variables d’ajustement d’un système défaillant. Il faut sécuriser immédiatement les travailleurs et les infrastructures, avec des patrouilles policières renforcées et des caméras de surveillance. Il est également nécessaire d’investir massivement dans des transports publics dignes de ce nom, avec des véhicules sûrs et des tarifs accessibles. Enfin, il faut engager un dialogue sincère avec les syndicats pour éviter que chaque tension ne se solde par une grève et une nouvelle souffrance pour les citoyens.
Les Sénégalais méritent mieux que des promesses. Ils méritent des actes. La balle est dans le camp du gouvernement : agira-t-il enfin, ou laissera-t-il les plus vulnérables payer le prix de son inaction ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Lamine Ba .
Mis en ligne : 19/09/2025
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