Ngoné Saliou franchit toutes les limites : L’éthique journalistique s’efface - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - People | Par Eva | Publié le 04/10/2025 11:10:45

Ngoné Saliou franchit toutes les limites : L’éthique journalistique s’efface

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Un agent de l’État a récemment porté plainte contre Ngoné Saliou Diop pour injures publiques et incitation à la haine, après la diffusion d’une vidéo où elle tient des propos offensants envers la communauté Pulaar et le Président de la République. Si la justice devra trancher sur le fond, une question s’impose d’ores et déjà : comment une journaliste peut-elle ainsi trahir les principes mêmes de son métier ?

Son attitude révèle une dérive inquiétante, où la quête de notoriété l’emporte sur la rigueur et le respect dus à l’information. Ce cas illustre un problème plus large : celui de personnalités médiatiques qui, ivres de leur audience, oublient que leur mission est d’éclairer, et non d’envenimer.

Au Sénégal, comme ailleurs, les journalistes jouent un rôle clé dans la démocratie. Leur mission ? Informer avec précision, équilibre et respect des faits. Pourtant, certains, à l’instar de Ngoné Saliou Diop, semblent confondre visibilité et impunité. Dans un pays où les tensions communautaires et politiques peuvent s’embraser rapidement, chaque mot compte. Or, ses déclarations, loin de contribuer au débat, attisent les divisions. Pire, elles discréditent une profession déjà fragilisée par la défiance du public. Quand une journaliste utilise sa plateforme pour insulter plutôt que pour informer, c’est toute la crédibilité des médias qui en pâtit.

La plainte déposée par Maham Ka, syndicaliste apolitique, rappelle une évidence : la liberté d’expression n’est pas une licence pour humilier ou diviser. Elle s’exerce dans le cadre du respect dû aux individus, aux communautés et aux institutions. Ngoné Saliou Diop, en franchissant cette ligne rouge, a failli à sa mission. Mais au-delà de l’individu, c’est une certaine conception du journalisme qui est en cause, celle qui privilégie le buzz à l’éthique, l’audimat à l’intégrité.

Ngoné Saliou Diop incarne un phénomène préoccupant : celui du journaliste devenu « personnalité médiatique », plus soucieux de son image que de son devoir. Ses propos, qualifiés d’injurieux et haineux, ne relèvent pas de l’opinion ou de la critique, mais de l’insulte pure et simple. Un journaliste se doit de contextualiser, de nuancer, de vérifier. Ici, rien de tout cela. Juste des généralisations blessantes et des attaques ad hominem, servies sans filtre à un public déjà polarisé.

Cette confusion des genres n’est pas anodine. Elle reflète une tendance dangereuse, où l’on croit pouvoir tout se permettre sous prétexte d’être « populaire ». Pourtant, la notoriété ne dispense pas des règles déontologiques. Au contraire : plus un journaliste est écouté, plus sa responsabilité est grande. En manquant à ce devoir, Ngoné Saliou Diop ne nuit pas seulement à sa réputation, elle sape la confiance dans Sans Limites Tv, et plus largement dans les médias sénégalais.

Les conséquences sont lourdes. D’abord pour les communautés visées, dont la dignité est bafouée. Ensuite pour la profession, dont l’image est ternie par de tels excès. Enfin, pour le débat public, empoisonné par des polémiques stériles au lieu d’être nourri par des analyses rigoureuses. Quand un média se transforme en caisse de résonance pour la haine, il perd sa raison d’être : servir l’intérêt général.

Heureusement, d’autres voix montrent qu’il est possible de concilier audience et respect. Prenons l’exemple de Cheikh Yérim Seck, dont les émissions allient profondeur et pédagogie, ou de Pape Alé Niang, qui, malgré des prises de position tranchées, évite systématiquement l’injure et la généralisation. Ces journalistes prouvent qu’on peut être influent sans être irrespectueux, critique sans être haineux.

À l’inverse, Ngoné Saliou Diop semble avoir choisi la facilité : provoquer pour exister, plutôt que convaincre par la qualité de son travail. Pourtant, l’histoire du journalisme sénégalais regorge de figures qui ont marqué leur époque par leur rigueur. Leur héritage rappelle une vérité simple : la crédibilité se construit sur la durée, par le sérieux et l’honnêteté intellectuelle, pas par des coups d’éclat indignes.

Son cas pose aussi la question du rôle des employeurs. Sans Limites Tv, en diffusant de tels propos, porte une part de responsabilité. Les médias ont le devoir de cadrer leurs collaborateurs, surtout quand ceux-ci franchissent les limites de l’acceptable. Silence ou complicité ? La réponse de la chaîne sera révélatrice de son engagement en faveur d’un journalisme responsable.

Cette dérive n’est pas isolée. Dans d’autres pays africains, des journalistes ont été sanctionnés pour des manquements similaires. Au Nigeria, des animateurs ont été suspendus pour propos haineux. En Côte d’Ivoire, des conseils de presse veillent au respect de l’éthique. Ces exemples montrent qu’il est possible, et nécessaire, de fixer des limites.

En France, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) peut sanctionner les chaînes qui diffusent des contenus incitatifs à la haine. Au Sénégal, si le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) existe, son action reste souvent discrète. Pourtant, des mécanismes de régulation forts sont indispensables pour préserver la qualité de l’information. Le cas de Ngoné Saliou Diop devrait inciter à les renforcer, avant que les dérives ne deviennent la norme.

Ngoné Saliou Diop a le droit de s’exprimer, mais pas de nuire. Ses propos, graves et irresponsables, appellent une réponse claire : celle de la justice, bien sûr, mais aussi celle de la profession. Les journalistes, les médias et les instances de régulation doivent rappeler haut et fort que le respect est une condition non négociable de la liberté de la presse.

À elle maintenant de choisir : continuer à jouer les pyromanes, au risque de réduire son héritage à une suite de polémiques, ou revenir à l’essentiel, informer avec rigueur et humilité. Quant aux médias sénégalais, ils doivent se ressaisir. La crédibilité de leur métier en dépend. Car un journaliste qui se contente d’alimenter les tensions n’est plus un journaliste. C’est du spectacle. Et le Sénégal mérite mieux que cela.

Il faut dire stop. Stop aux dérives, stop à l’impunité, stop à la confusion entre notoriété et professionnalisme. Ngoné Saliou Diop a failli. À elle de réparer, à nous tous d’exiger mieux. La démocratie sénégalaise n’a que faire des ego surdimensionnés. Elle a besoin de journalistes à la hauteur de leur mission.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Souleymane G.
Mis en ligne : 04/10/2025

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