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En septembre 2025, l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) au Sénégal affiche une hausse de 2,6 % sur un an, tirée notamment par la flambée des prix dans la restauration (+2,2 %), les transports (+2,5 %) et les services de santé (+2,1 %). Si l’inflation globale peut sembler modérée, une analyse plus fine révèle une réalité bien plus préoccupante : certains secteurs, loin de subir la crise, en profitent pour gonfler leurs marges, tandis que les salaires stagnent et que le pouvoir d’achat des ménages s’érode. Derrière ces chiffres se cache une injustice économique qui mérite d’être dénoncée.
Le Sénégal, comme beaucoup de pays africains, fait face à une inflation persistante depuis plusieurs années, aggravée par les chocs externes (pandémie, guerre en Ukraine) et les faiblesses structurelles de son économie. Pourtant, alors que les prix des produits alimentaires et des services essentiels flambent, les salaires peinent à suivre.
Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) a certes été revalorisé en 2025, passant de 58 900 à 64 223 FCFA par mois, soit une augmentation de seulement 9 % pour la catégorie la plus basse, tandis que le salaire moyen national stagne autour de 347 euros mensuels. Dans le même temps, les prix des services de restauration et d’hébergement ont augmenté de 1,9 % sur un an, et ceux des transports de 2,5 %. Pire encore, les bénéfices de certaines entreprises du secteur privé ont atteint des niveaux records, sans que cette prospérité ne se répercute sur les conditions de vie des travailleurs ou des consommateurs.
Les données officielles montrent que les services de restauration et d’hébergement, ainsi que les transports, ont connu des hausses de prix significatives, alors même que les coûts de production n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions. Par exemple, le chiffre d’affaires des services d’hébergement et de restauration a progressé de 18,9 % en 2021, et cette tendance s’est poursuivie en 2025, avec une hausse de seulement 0,3 % des prix de production dans ces secteurs au deuxième trimestre. Pourtant, aucune crise majeure, pénurie, hausse des matières premières ou choc logistique, ne justifie une telle envolée. Au contraire, les coûts logistiques et énergétiques se sont stabilisés, voire ont baissé pour certains produits importés.
Dans le transport, la situation est tout aussi révélatrice. Les coûts d’exploitation des transporteurs ont certes augmenté de 5,5 % en 2024, mais cette hausse est principalement due à la revalorisation des salaires (+7,5 %) et des péages (+3 %), des ajustements normaux dans un contexte inflationniste. Pourtant, les tarifs appliqués aux usagers ont grimpé bien au-delà de ces coûts supplémentaires, sans que la qualité des services ne s’améliore. Les entreprises du secteur semblent ainsi profiter de la situation pour maximiser leurs profits, au détriment des ménages déjà fragilisés.
Alors que les Sénégalais voient leur pouvoir d’achat fondre, certaines entreprises affichent des performances financières exceptionnelles. Les banques, par exemple, ont vu leurs actifs progresser de manière spectaculaire, et les grandes sociétés de transport ou de restauration réalisent des marges confortables, sans que ces gains ne se traduisent par des baisses de prix ou des investissements sociaux. Pire encore, le nombre d’employés salariés dans le secteur formel a reculé, preuve que la croissance des profits ne se traduit pas par une création d’emplois ou une amélioration des conditions de travail.
La comparaison avec d’autres pays africains est édifiante. En Côte d’Ivoire ou au Ghana, où l’inflation est également élevée, les gouvernements ont mis en place des mécanismes de régulation des prix pour protéger les consommateurs. Au Sénégal, en revanche, l’État se contente d’ajustements budgétaires et de promesses, sans véritable contrôle des pratiques abusives. Résultat : les Sénégalais paient plus cher pour des services qui ne s’améliorent pas, tandis que les actionnaires et dirigeants s’enrichissent.
Cette situation est inacceptable. Il ne s’agit pas d’une fatalité économique, mais d’un choix : celui de laisser certains secteurs profiter de la crise au lieu de protéger les citoyens. Le gouvernement doit urgemment instaurer un contrôle strict des prix dans les secteurs essentiels (restauration, transport, santé), avec des sanctions pour les abus. Il doit également renforcer la transparence sur les marges bénéficiaires des entreprises, afin que les consommateurs sachent où va leur argent, et soutenir le pouvoir d’achat par des mesures ciblées telles que des subventions ou des exonérations fiscales pour les produits de première nécessité.
Les Sénégalais ne peuvent plus être les dindons de la farce. Il faut que les profits excessifs soient réinvestis dans l’économie réelle et dans l’amélioration des conditions de vie, plutôt que dans les poches d’une minorité. L’inflation n’est pas une loi naturelle : elle est le résultat de choix politiques et économiques. À quand un véritable sursaut ?
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Fat Bintou.
Mis en ligne : 19/10/2025
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