Un étudiant fauché par la négligence : Tragédie à l’UCAD - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 12/11/2025 11:11:45

Un étudiant fauché par la négligence : Tragédie à l’UCAD

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Le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a été le théâtre d’un drame évitable : l’explosion d’une moto électrique en charge dans une résidence étudiante a causé la mort d’un jeune homme et blessé deux autres. Si l’émotion est légitime, elle ne doit pas occulter une réalité accablante : cet événement tragique est le résultat d’une négligence collective, d’un manque de mesures de sécurité dans des bâtiments vétustes et d’une tolérance inquiétante envers des pratiques dangereuses. Il ne s’agit pas d’un accident isolé, mais du symptôme d’un système défaillant.

L’UCAD, principale université du Sénégal, accueille plus de 40 000 étudiants, dont une grande partie loge sur le campus. Pourtant, les résidences universitaires, comme le pavillon A, sont dans un état de délabrement avancé. Les installations électriques, vieilles et souvent non conformes, représentent un danger permanent. Les risques liés aux batteries lithium-ion des véhicules électriques, incendies, explosions, dégagements de gaz toxiques, sont connus et documentés à travers le monde. Cependant, aucune mesure sérieuse de prévention n’a été prise pour les éviter.

Les motos électriques, de plus en plus prisées des étudiants pour leur coût abordable, sont régulièrement chargées dans des chambres exiguës, mal ventilées et branchées sur des prises défectueuses. Les autorités universitaires et le Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) ne peuvent ignorer ces pratiques dangereuses. Dans la plupart des pays développés, des règles strictes interdisent la recharge de ces appareils dans les logements collectifs. À l’UCAD, ces précautions élémentaires semblent inexistantes.

L’explosion survenue ce jeudi n’est pas la première alerte. En mars dernier, un incendie lié à une fuite de gaz butane dans une autre résidence du campus avait déjà provoqué des dégâts considérables. À chaque incident, les autorités appellent à la prudence et à la responsabilité individuelle, sans jamais adopter de mesures structurelles. Les résidences demeurent surpeuplées, les câblages électriques dangereux, et les étudiants ne sont ni formés ni sensibilisés aux gestes de sécurité.

Les batteries lithium-ion sont connues pour leur instabilité lorsqu’elles sont mal utilisées. Une surcharge, un court-circuit ou une surchauffe peuvent provoquer une explosion. Dans des espaces confinés et mal entretenus, les conséquences sont catastrophiques. Partout ailleurs, ces dangers ont conduit à la mise en place de protocoles stricts. À Dakar, la même inertie perdure. Aucun contrôle, aucune sensibilisation, aucune zone de recharge sécurisée n’existe sur le campus.

Le COUD et l’UCAD portent une responsabilité directe. Les bâtiments qu’ils gèrent n’ont pas été modernisés depuis des décennies. Les systèmes électriques datent d’une autre époque et ne répondent plus aux besoins actuels. Malgré les multiples alertes, aucune rénovation sérieuse n’a été engagée. Laisser des milliers d’étudiants vivre dans ces conditions relève de la négligence.

L’État sénégalais n’est pas en reste. La question de la sécurité des campus et la régulation de l’usage des véhicules électriques relèvent de sa compétence. Pourtant, aucune législation n’encadre rigoureusement la manipulation et la recharge des batteries lithium-ion. Dans plusieurs pays, des normes techniques ont été imposées pour éviter ce genre de catastrophe. Le Sénégal, lui, semble condamné à réagir dans la douleur.

Les étudiants, enfin, sont les victimes de ce système défaillant. Il est injuste de leur reprocher un manque de prudence alors qu’ils ne disposent ni d’informations suffisantes ni d’alternatives sécurisées. Lorsqu’on vit dans une chambre surpeuplée, sans espace ni encadrement, comment respecter des règles de sécurité inexistantes ?

Dans plusieurs pays, des drames similaires ont conduit à des réformes rapides. En France, après des incendies meurtriers dans des résidences universitaires, il a été interdit de recharger des véhicules électriques dans les chambres. Des détecteurs de fumée ont été installés, et les étudiants reçoivent une formation de base sur la sécurité domestique. Au Canada, des protocoles détaillés encadrent désormais la recharge des batteries. En Chine, des normes techniques strictes ont été imposées pour limiter les risques d’explosion. Ces pays ont compris qu’il ne suffit pas de sensibiliser : il faut réglementer et agir.

Le drame du pavillon A n’est pas une fatalité. Il est le produit d’années d’inaction, d’indifférence et de promesses non tenues. L’UCAD, le COUD et l’État doivent désormais agir avec fermeté et transparence. Cela passe par : la modernisation des résidences et la remise à niveau des installations électriques ;

l’interdiction formelle de la recharge des véhicules électriques dans les chambres ; la mise en place de zones sécurisées et surveillées pour ces recharges ; la formation systématique des étudiants aux gestes de sécurité et à la prévention des incendies.

La vie d’un étudiant ne doit pas dépendre du hasard ni de la négligence. Chaque drame aurait pu être évité si la sécurité avait été prise au sérieux. L’heure n’est plus aux discours, mais à l’action. L’université, symbole du savoir et de l’avenir, ne doit pas être un lieu où la jeunesse sénégalaise meurt faute de précaution. Il faut protéger ceux qui incarnent l’avenir du pays. La sécurité n’est pas un luxe : c’est un devoir.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Serigne Fallou D.
Mis en ligne : 12/11/2025

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