96 vies en péril à Khondio : Le scandale de l’exil forcé par l’échec des États - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 13/12/2025 05:12:45

96 vies en péril à Khondio : Le scandale de l’exil forcé par l’échec des États

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Une pirogue transportant 96 migrants, dont 78 Maliens, a échoué sur les côtes sénégalaises à Khondio. Encore une fois, des vies sont mises en danger par la folie de l’exil, tandis que les autorités maliennes et ouest-africaines ferment les yeux sur les causes profondes de ce drame. Ce n’est pas un accident, c’est le résultat d’un abandon criminel des populations par leurs dirigeants.

Depuis des années, le Mali, la Gambie, la Guinée et le Sénégal voient leurs jeunes risquer leur vie en mer, fuyant la misère, l’insécurité et l’absence de perspectives. En 2025, le Mali est devenu le premier pays d’origine des migrants irréguliers vers l’Europe, avec plus de 16 500 départs enregistrés. Les chiffres sont accablants : 10 457 morts ou disparus sur les routes migratoires vers l’Espagne en 2024, et des milliers d’autres en 2025. Pourtant, les autorités locales préfèrent dépenser des fortunes en patrouilles et en centres de rétention plutôt qu’en solutions durables. Les passeurs, eux, prospèrent dans l’indifférence générale, exploitant la détresse de familles entières.

L’échouement de la pirogue à Khondio n’est que la partie émergée de l’iceberg. Derrière chaque migrant, il y a un État défaillant. Au Mali, la junte militaire a aggravé la crise en réprimant la dissidence, en fermant les écoles, en asphyxiant l’économie et en laissant les groupes jihadistes étendre leur emprise. Résultat : des milliers de jeunes n’ont d’autre choix que de fuir, souvent vers une mort certaine. Les autorités maliennes, occupées à se disputer le pouvoir, ignorent délibérément les causes structurelles de l’exode : chômage, insécurité alimentaire, corruption endémique. Pendant ce temps, les pays européens financent des interdictions en mer, mais ferment les yeux sur les responsabilités des régimes africains complices.

Les gouvernements de la région préfèrent négocier des accords de réadmission avec l’Europe plutôt que d’investir dans le développement local. Au Mali, la junte a dissous des associations de la société civile, muselé les médias et laissé les populations sans protection. Les discours sur la souveraineté ne servent qu’à masquer l’incurie.

Malgré les milliards dépensés pour sécuriser les frontières, les départs continuent. Les passeurs adaptent leurs routes, et les migrants, désespérés, prennent des risques toujours plus grands. Les interdictions en mer ne font que déplacer le problème, sans jamais le régler.

L’Europe et les organisations internationales se contentent de gérer les flux, sans s’attaquer aux racines du mal. Les programmes de « codéveloppement » ne sont que des rustines, tandis que les jeunes africains continuent de mourir par centaines.

La situation en Afrique de l’Ouest rappelle celle de la Méditerranée centrale : des États en faillite, des populations abandonnées, et une Europe qui préfère externaliser ses frontières plutôt que d’agir. En Libye, en Tunisie, ou au Sénégal, c’est la même logique : on criminalise les migrants, mais on ne s’attaque jamais aux dictatures et aux régimes corrompus qui les poussent à partir.

L’échouement de Khondio est un symbole de l’échec collectif. Tant que les autorités maliennes et ouest-africaines refuseront de prendre leurs responsabilités, tant que l’Europe privilégiera la répression à la solidarité, les drames continueront. Il faut cesser de pleurer les victimes et exiger des comptes à ceux qui les ont abandonnées. La migration clandestine n’est pas une fatalité, c’est le résultat d’un choix politique : celui de l’indifférence et de l’incompétence.

Jusqu’à quand les dirigeants africains et européens laisseront-ils des milliers de jeunes mourir en mer plutôt que de s’attaquer aux vraies causes de l’exil ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Sagna.
Mis en ligne : 13/12/2025

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