Mame Thierno surpris sur une femme vulnérable de 40 ans : L’échec de tous - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 13/12/2025 11:12:45

Mame Thierno surpris sur une femme vulnérable de 40 ans : L’échec de tous

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L’affaire de Mame Thierno D., 23 ans, surpris en train d’abuser d’une femme déficiente mentale de 40 ans dans le quartier Sam-Sam de Dakar, est bien plus qu’un fait divers glaçant. Elle est le symptôme d’une jeunesse en perte de repères, où la violence, l’irresponsabilité et le mépris de l’autre deviennent monnaie courante. Comme le rapporte Les Échos, ce jeune charretier, après avoir été averti à plusieurs reprises par la famille de sa victime, a persisté dans ses agissements, jusqu’à commettre l’irréparable.

Ce cas n’est pas seulement celui d’un individu isolé : il reflète une crise morale profonde, où les valeurs de respect, de dignité et d’empathie semblent s’effriter. Comment un jeune homme en arrive-t-il à commettre un acte aussi odieux ? Qui sont ses modèles ? Où sont les gardiens des valeurs imams, enseignants, aînés pour rappeler les principes fondamentaux de l’humanité ? Sam-Sam, comme tant d’autres quartiers, est le miroir brisé d’une société en crise, où l’éducation et la transmission ont failli.

Le Sénégal, comme beaucoup de pays africains, traverse une période de mutations sociales et économiques rapides. Urbanisation accélérée, chômage des jeunes, affaiblissement des structures familiales traditionnelles, exposition à des modèles consuméristes et individualistes : autant de facteurs qui brouillent les repères. Dans ce contexte, une partie de la jeunesse, livrée à elle-même, adopte des comportements où prime la recherche du plaisir immédiat, sans égard pour les conséquences. Les statistiques sont alarmantes : selon l’UNICEF, près de 40 % des jeunes Sénégalais sont sans emploi, et beaucoup, faute de perspectives, sombrent dans la délinquance ou la violence. Mame Thierno n’est pas un monstre, mais le produit d’un système qui a échoué à lui inculquer le sens du bien et du mal.

Mame Thierno n’a pas agi dans le vide. Son acte révèle une défaillance éducative à plusieurs niveaux :
Où étaient ses parents pour lui enseigner le respect de la dignité humaine, surtout envers les plus vulnérables ?

Dans un quartier comme Sam-Sam, où tout le monde se connaît, comment personne n’a-t-il intervenu avant qu’il ne soit trop tard ? Les voisins, les aînés, les leaders religieux tous ont failli à leur rôle de garde-fous.

Les mosquées et les écoles, traditionnellement pivots de la transmission des valeurs, semblent avoir perdu de leur influence. Les imams, souvent plus préoccupés par des débats théologiques que par l’éducation morale des jeunes, laissent un vide que comblent la rue et les mauvaises influences.

Quand un jeune homme peut violer une femme handicapée mentale en pleine rue, puis tenter de fuir comme un voleur, c’est que les notions de honte, de responsabilité et de sanction ont disparu. Le préservatif utilisé retrouvé sur place montre une préméditation cynique, une absence totale d’empathie.

Entre les réseaux sociaux qui glorifient l’argent facile et le mépris des règles, et une économie informelle qui valorise la débrouille au détriment de l’éthique, les jeunes comme Mame Thierno grandissent dans un environnement où tout est permis. Où sont les figures inspirantes pour leur montrer une autre voie ? Dans beaucoup de quartiers, les petits délits sont tolérés, voire encouragés. Quand les aînés ferment les yeux, les jeunes poussent les limites toujours plus loin.

Sam-Sam n’est pas un cas isolé. À Pikine, Guédiawaye ou Rufisque, des scènes similaires se répètent, révélant une fracture générationnelle et un effritement du lien social. Les « dibiteries » et les coins de rue ont remplacé les cercles de parole où l’on enseignait jadis le respect et la solidarité.

Même après son arrestation, Mame Thierno a tenté de nier les faits. Combien de jeunes, voyant l’impunité régner, se disent que « ça ne leur arrivera pas » ?

Au Rwanda, après le génocide, le gouvernement a mis en place des programmes de réconciliation et d’éducation civique dans les écoles et les communautés. En Tunisie, les mosquées jouent un rôle actif dans la sensibilisation des jeunes aux valeurs de citoyenneté. Au Sénégal, malgré des initiatives comme le « Programme d’éducation aux valeurs » du ministère de l’Éducation, les résultats peinent à se concrétiser. Pourtant, des pays comme le Maroc ou la Mauritanie montrent que des campagnes de sensibilisation menées par des leaders religieux et des associations peuvent faire la différence.

L’affaire Mame Thierno doit servir de électrochoc. Il ne s’agit pas seulement de punir un coupable, mais de reconstruire un socle moral pour toute une génération. Cela passe par :

Les familles, les écoles et les mosquées doivent retrouver leur rôle central dans l’éducation aux valeurs. Les imams, les enseignants et les aînés doivent sortir de leur silence et devenir des modèles de probité et de respect. La justice doit être ferme, mais aussi accompagnatrice, en intégrant des programmes de réinsertion et de sensibilisation pour les jeunes délinquants. Chaque Sénégalais doit se sentir responsable. Protéger les vulnérables, dénoncer les abus, éduquer les jeunes : c’est l’affaire de tous.

Mame Thierno est le produit d’une société qui a oublié ses valeurs. Mais il n’est pas trop tard pour agir. L’avenir du Sénégal se joue aujourd’hui, dans l’éducation que nous donnons à nos enfants et dans les exemples que nous leur offrons. La dignité d’une nation se mesure à la façon dont elle traite ses plus fragiles. Il est temps de relever le défi.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Lamine Sow.
Mis en ligne : 13/12/2025

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