Fin tragique d’un gardien : Les faits devant une mosquée - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 13/08/2025 11:08:45

Fin tragique d’un gardien : Les faits devant une mosquée

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L’information révélée par Libération ce lundi 4 août est à la fois glaçante et révélatrice d’un mal plus vaste qui ronge notre société. Un maçon du nom de B. Diop a avoué avoir tué le gardien de la mosquée Oncad Santhie à Mbour. Un crime d’une rare violence, commis au nom d’une prétendue lutte contre le mal : la victime aurait été, selon les dires du tueur, un « serviteur de Satan ». Au-delà de l’horreur du geste, cet acte tragique soulève une question : celle du traitement de la santé mentale dans notre pays. Ce drame n’est pas un simple fait divers. Il est le symptôme d’un système de santé mentale profondément défaillant.

Les faits, selon Libération, se sont produits dans la nuit du 1er au 2 août. Le suspect aurait d’abord frappé sa victime avec un coup de poing, avant de l’achever à coups de brique. Le mobile invoqué ? Une hallucination délirante où la victime est perçue comme une menace spirituelle. Son frère, G. Seck, a confié que B. Diop consommait du chanvre indien depuis un certain temps, un usage qui, s’il n’est pas rare, devient dramatique en l’absence d’un encadrement psychologique et médical approprié. Ce témoignage révèle ce que l’on préfère souvent ignorer : la frontière ténue entre dépendance, troubles mentaux et violence incontrôlée.

Comment en est-on arrivé là ? Ce n’est pas seulement l’histoire d’un homme égaré. C’est aussi celle d’un État qui n’a pas su ou voulu prendre au sérieux la détresse mentale de ses citoyens. Le Sénégal ne dispose que de quelques structures psychiatriques, concentrées pour la plupart à Dakar, alors que les besoins sont immenses à travers le pays. Le personnel est insuffisant, mal réparti et souvent débordé. Les soins sont chers ou inaccessibles, et la stigmatisation autour de la maladie mentale empêche les familles d’alerter ou de chercher de l’aide avant que le pire ne survienne.

Ce crime rappelle d’autres drames similaires survenus dans des contextes où des individus, manifestement en détresse psychique, ont commis l’irréparable. En Côte d’Ivoire, en 2023, un homme souffrant de schizophrénie a été lynché après avoir agressé un enfant, faute de soins adaptés. Au Nigeria, des hôpitaux psychiatriques sont devenus des lieux de négligence et de maltraitance. Ce phénomène n’est donc ni isolé, ni propre au Sénégal : il traduit un abandon généralisé de la santé mentale sur tout le continent africain.

Nous devons collectivement sortir du déni. La santé mentale n’est pas un luxe, ni une préoccupation secondaire : elle est un pilier fondamental de la sécurité publique et du bien-être collectif. Le gouvernement doit investir massivement dans la formation de psychiatres, la création de centres de santé mentale communautaires, et l’intégration de la santé mentale dans les politiques de santé publique. Les campagnes de sensibilisation doivent également démystifier la maladie mentale pour que les familles puissent agir avant qu’un déséquilibre ne devienne un danger.

Le meurtre du gardien de la mosquée Oncad Santhie n’est pas seulement une tragédie humaine : c’est une faillite collective. En négligeant la santé mentale, nous fabriquons, sans le vouloir, les conditions de drames à venir. Il faut agir, non seulement pour soigner les corps, mais aussi pour écouter les esprits malades avant qu’ils ne s’égarent dans l’irréparable. Le silence n’est plus une option.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sy.
Mis en ligne : 13/08/2025

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