Le Sénégal vend son patrimoine : Des milliards de dégâts invisibles - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Environnement | Par Eva | Publié le 12/08/2025 08:08:00

Le Sénégal vend son patrimoine : Des milliards de dégâts invisibles

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Les derniers rapports de la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN SA) et de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) annoncent une hausse spectaculaire des dividendes miniers, atteignant plus de 70 milliards FCFA en 2025. Ce chiffre, présenté comme un succès économique, suscite pourtant une profonde inquiétude.

Car derrière cette euphorie financière, un silence assourdissant pèse sur les dégâts écologiques irréversibles engendrés par l’exploitation intensive des ressources naturelles. Nous affirmons ici, avec force, qu’un modèle économique fondé sur la destruction de l’environnement est non seulement injuste, mais suicidaire à long terme.

Le Sénégal s’est engagé depuis deux décennies dans une stratégie de valorisation de son potentiel extractif. Mines d’or, de phosphates, carrières de calcaire… le pays attire les multinationales, promettant développement économique et création d’emplois. En 2025, les dividendes versés à l’État ont doublé par rapport à la moyenne des années précédentes. Cette embellie cache cependant un coût environnemental colossal : déforestation, pollution des sols et des nappes phréatiques, destruction de la biodiversité locale, sans parler des impacts sociaux sur les populations riveraines.

Le rapport de la SOMISEN se veut rassurant en évoquant quelques « dépenses sociales » (2,57 milliards FCFA) et une montée du « contenu local ». Mais ces chiffres restent dérisoires face aux milliards générés, et surtout face à l’absence de toute transparence sur les dommages écologiques. Où sont les rapports d’impact environnemental ? Qui suit les pollutions générées par les exploitations aurifères ou phosphatières ? Quelle politique de réhabilitation des sites miniers est mise en œuvre ?

On parle ici d’un secteur qui a produit plus de 100 000 onces d’or et des centaines de milliers de tonnes de ciment et d’acide phosphorique, mais à quel prix ? En Casamance, dans la région de Kédougou ou encore dans la zone des Niayes, les populations dénoncent l’érosion des terres agricoles, l’assèchement des points d’eau, les maladies respiratoires. Autant de signaux d’alerte qu’aucun « dividende » ne saurait compenser.

L’État célèbre des chiffres sans jamais remettre en question la durabilité du modèle extractiviste. Aucun mécanisme sérieux de comptabilité écologique n’est mis en place pour intégrer ces pertes dans le bilan national. Les revenus engrangés profitent davantage à l’élite politique et aux entreprises étrangères qu’aux populations locales souvent déplacées ou appauvries. En surexploitant les ressources naturelles sans plan de réhabilitation, on compromet gravement l’avenir des générations futures.

D’autres pays, comme le Chili ou la Norvège, ont intégré des normes environnementales strictes dans leurs politiques extractives, avec des fonds souverains alimentés par les ressources naturelles et une transparence accrue sur les retombées sociales et écologiques. Au Sénégal, on en est encore à glorifier des bilans financiers sans contrepoids environnemental crédible.

La manne minière du Sénégal ne doit pas masquer une vérité alarmante : le pillage silencieux de notre patrimoine écologique. Si les chiffres impressionnent sur le papier, ils ne doivent pas nous détourner d’une question essentielle : que restera-t-il quand les mines seront vides et les terres stériles ? Ce modèle extractiviste, fondé sur le court terme et la rentabilité à tout prix, est une impasse. Il est urgent de repenser notre rapport aux ressources, d’imposer des règles écologiques strictes, et de redonner à l’environnement la place centrale qu’il mérite dans toute politique de développement. Car sans nature, il n’y a ni richesse, ni avenir.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cherif Ndiaye.
Mis en ligne : 12/08/2025

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