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L’affaire d’A. Gning, cette mère de famille de 26 ans condamnée à trois mois de prison ferme pour avoir reconditionné et revendu des cubes de bouillon récupérés à la décharge de Mbeubeuss, est symptomatique d’une crise plus profonde. Le fait divers rapporté récemment par la presse met en lumière, au-delà du simple jugement pénal, une défaillance structurelle de l’État dans la protection et l’accompagnement des populations vulnérables.
A. Gning, divorcée et mère de trois enfants, s’est retrouvée contrainte par la pauvreté à récupérer des produits destinés à la poubelle pour tenter d’assurer un minimum de revenus. Cette réalité, hélas, n’est pas isolée au Sénégal : des milliers de familles vivent dans des conditions précaires, privées d’emplois décents et de filets sociaux efficaces. Le contexte socio-économique, marqué par un taux de chômage élevé et une insuffisance criante d’aides sociales, force beaucoup à recourir à des solutions de survie risquées.
Le tribunal a choisi de condamner cette mère à une peine de prison ferme pour mise en danger de la vie d’autrui. Si la loi doit être respectée, il est nécessaire de s’interroger sur la sévérité d’une telle sanction face à une personne poussée par la détresse. L’accusation a été focalisée sur le danger sanitaire, et il est juste de souligner l’importance de la santé publique. Toutefois, l’analyse doit aller au-delà de cette condamnation. La prévenue a déclaré ignorer le danger, ce qui révèle un manque d’éducation sanitaire accessible à tous. Plus grave encore, elle témoigne d’une absence d’alternatives viables, ce qui la pousse à « choisir la facilité » faute de solutions.
L’État sénégalais ne propose pas de mécanismes robustes pour accompagner les femmes seules, les mères divorcées, ou les personnes en situation de précarité extrême. Le filet social est quasi inexistant ou insuffisant, laissant les plus vulnérables livrés à eux-mêmes. Plutôt que d’adresser les causes profondes de la précarité, la justice et les autorités tendent à criminaliser les actes de survie. Ce jugement ferme envoie un message d’intolérance envers des populations qui n’ont souvent d’autre choix que de se débrouiller dans l’ombre. Le fait que cette mère ait utilisé ces cubes pour nourrir ses enfants sans connaître leur danger montre une défaillance en matière d’éducation sanitaire publique. L’État doit investir davantage dans la sensibilisation.
Dans plusieurs pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne, des situations similaires ont provoqué des réponses plus nuancées. Par exemple, au Ghana ou au Kenya, des programmes d’aide ciblés et des campagnes d’éducation sanitaire ont été mis en place pour éviter que des populations vulnérables n’aient à recourir à des pratiques dangereuses. De plus, certains systèmes judiciaires privilégient les mesures alternatives, comme le travail communautaire ou les sanctions éducatives, plutôt que la prison ferme.
Le cas d’A. Gning est avant tout celui d’une mère abandonnée par les institutions censées la protéger. La condamnation pénale, bien qu’expliquée par le souci de la santé publique, masque une réalité sociale alarmante : l’absence de structures adaptées pour accompagner les plus démunis, le défaut de filets sociaux et la tendance à punir plutôt qu’à soutenir. L’État doit impérativement repenser sa politique sociale et judiciaire, en intégrant davantage la prévention, la sensibilisation, et surtout, en offrant des solutions économiques viables. Tant que ces efforts ne seront pas engagés, des cas comme celui-ci continueront d’alimenter un cercle vicieux de précarité et de répression.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 16/08/2025
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