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Le 7 août 2025, une tentative de fraude par « SIM swap » a été déjouée à l’agence Sonatel de Guédiawaye. Babacar Diop, entrepreneur de 38 ans, a été arrêté en flagrant délit alors qu’il tentait de prendre le contrôle d’un numéro de téléphone à l’aide de faux documents. Bien que l’intervention rapide des autorités ait permis d’éviter un scandale national, cet incident met en lumière les vulnérabilités persistantes du système de sécurité numérique sénégalais.
Le « SIM swap » est une méthode sophistiquée permettant aux escrocs de s’approprier la carte SIM d’un abonné pour accéder à ses comptes bancaires et services numériques. Cette fraude repose sur la faiblesse des procédures d’identification lors de la délivrance de nouvelles cartes SIM, souvent insuffisamment sécurisées face à des documents falsifiés de qualité remarquable.
Malgré l’existence de la Stratégie Nationale de Cybersécurité (SNC2022), lancée en 2017, le Sénégal peine à mettre en œuvre des mesures concrètes pour contrer ce type de cybercriminalité. La stratégie prévoit notamment le renforcement du cadre juridique et institutionnel, la protection des infrastructures critiques, la promotion d’une culture de cybersécurité, le renforcement des capacités techniques et la participation aux efforts régionaux et internationaux. Cependant, ces objectifs restent largement lettre morte, comme en témoigne l’incident de Guédiawaye.
L’arrestation de Babacar Diop est une exception, pas la règle. Combien de fraudes similaires passent-elles sous les radars ? L’absence de lois adaptées et de moyens pour traquer les réseaux transnationaux, tels que celui de « Trinidy », expose les citoyens à des risques accrus. La lenteur de l’enquête pour retrouver le cerveau du réseau, alors que les victimes sont laissées à elles-mêmes, illustre l’inefficacité des dispositifs en place.
De plus, la SNC2022, bien qu’ambitieuse sur le papier, souffre d’un manque de coordination et de ressources. Le CERT (Computer Emergency Response Team), instance clé pour la gestion des incidents de cybersécurité, demeure faible et insuffisamment opérationnel. Cette situation reflète une gouvernance numérique défaillante, incapable de répondre efficacement aux défis actuels.
Dans d’autres pays africains, des initiatives plus robustes ont été mises en place pour lutter contre la cybercriminalité. Par exemple, le Nigéria a renforcé ses lois sur la fraude numérique et investi dans la formation des forces de l’ordre. En revanche, le Sénégal, malgré sa ratification de la Convention de Malabo sur la cybersécurité en 2015, tarde à traduire ses engagements en actions concrètes .
Il est impératif que les autorités sénégalaises prennent des mesures immédiates pour renforcer la sécurité numérique. Cela inclut l’adoption de lois adaptées, la mise en place de contrôles biométriques lors de la délivrance de cartes SIM, la formation continue du personnel des opérateurs télécoms et des forces de l’ordre, ainsi que la création d’un CERT pleinement opérationnel.
La cybersécurité ne doit pas être reléguée au second plan. Elle est un pilier essentiel pour la confiance numérique et la protection des citoyens. Le Sénégal ne peut se permettre de rester à la traîne dans ce domaine crucial pour son développement économique et social.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Lamine Mbaye.
Mis en ligne : 23/08/2025
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