« Je vis dans le regret » : Quand l'euphorie se transforme en amertume - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 05/09/2025 10:09:30

« Je vis dans le regret » : Quand l'euphorie se transforme en amertume

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Le témoignage de cet homme, publié récemment, met en lumière une réalité trop souvent étouffée : l’amertume née d’un mariage conclu à la hâte, sur la base d’une attirance superficielle et d’un enthousiasme passager. Douze ans après un mariage express, il se retrouve prisonnier d’un quotidien amer, regrettant de ne pas avoir pris le temps d’observer, d’apprendre et de réfléchir avant de s’engager.

À travers ce récit, il nous donne une leçon précieuse que notre société peine encore à entendre : l’amour ne suffit pas, et la précipitation peut mener à la désillusion. Il faut dénoncer les mariages hâtifs et les illusions qu’ils entretiennent.

Dans nos sociétés africaines, le mariage est trop souvent idéalisé, présenté comme un passage obligé vers la respectabilité sociale. La rapidité avec laquelle certaines unions se concluent est même parfois valorisée, comme si l’efficacité et la spontanéité garantissaient le bonheur futur. Pourtant, la réalité est toute autre. Selon une étude menée par l’Union africaine sur la stabilité des unions conjugales, près de 40 % des divorces recensés dans certains pays d’Afrique de l’Ouest concernent des mariages conclus dans la précipitation, souvent sans réelle connaissance mutuelle des partenaires ni de leurs familles.

Le cas rapporté illustre parfaitement ce danger : séduit par une façade, l’homme a négligé l’importance de la compatibilité profonde et de l’environnement familial, pour ensuite découvrir la face cachée d’une union fragile.

L’un des grands maux de nos sociétés est l’absence d’éducation affective et relationnelle. On apprend aux jeunes à viser la réussite scolaire et professionnelle, mais rarement à construire une relation saine et équilibrée. Le résultat est souvent une vision romantisée et simpliste du mariage, où l’on confond admiration physique et compatibilité de valeurs. Ce déficit éducatif conduit à des erreurs de jugement irréversibles. L’homme qui témoigne n’est pas seul dans ce cas : combien de couples vivent dans le silence et l’amertume, prisonniers d’un choix qu’ils auraient pu éviter avec plus de discernement ?

À cette absence de préparation s’ajoute une hypocrisie sociale tenace : l’idée qu’un homme doit supporter en silence et “sauver les apparences”, même au prix de sa santé mentale et de son équilibre émotionnel. Le divorce est encore perçu comme une honte, alors qu’il devrait être considéré comme une solution légitime lorsqu’un mariage devient toxique. L’homme dans son récit exprime ce tabou avec lucidité : parler de ses souffrances conjugales est déjà en soi un acte de courage. Mais combien d’autres, par peur du jugement, continuent de s’éteindre lentement dans l’ombre ?

La situation décrite n’est pas propre au Sénégal. Partout où les mariages précipités sont encouragés, on retrouve des taux élevés de désunion. En Inde, par exemple, une étude publiée en 2021 dans le Journal of Family Issues a montré que les mariages arrangés et conclus rapidement connaissent plus de conflits domestiques que ceux basés sur une longue période de fréquentation et de connaissance mutuelle. De même, en Europe, les couples ayant vécu ensemble plusieurs années avant de se marier présentent statistiquement une meilleure stabilité conjugale. Ces comparaisons rappellent qu’il ne s’agit pas d’une fatalité culturelle, mais bien d’un choix de société.

Le témoignage que nous venons de lire n’est pas un simple récit personnel, c’est un signal d’alarme. Nos sociétés doivent cesser de glorifier les mariages hâtifs et commencer à promouvoir une approche plus réfléchie et responsable. Éduquer les jeunes sur la gestion des émotions, les sensibiliser à l’importance de la compatibilité familiale et valoriser la patience sont des impératifs urgents. Le mariage ne devrait pas être une course, mais une construction. Il faut briser les tabous, reconnaître nos erreurs et préparer des générations capables de bâtir des unions solides.

À ceux qui s’apprêtent à franchir ce pas : ne vous laissez pas tromper par l’éclat du moment. L’amour durable demande du temps, de l’observation et de la lucidité.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Matar Fall.
Mis en ligne : 05/09/2025

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