Dans la nuit du 5 au 7 septembre 2025, à Fass Mbao, un homme a perdu la vie, poignardé à la gorge avec un couteau de cuisine pour une dette de 1 500 FCFA. Le suspect, un ami de la victime, a avoué les faits après son arrestation. Ce drame absurde rappelle une réalité trop souvent ignorée : les armes blanches, objets du quotidien, se transforment régulièrement en instruments de mort.
Il est temps de reconnaître que leur accès facile et leur banalisation alimentent une violence sournoise, et d’exiger des mesures concrètes pour y mettre fin.
Ce meurtre n’est pas un cas isolé. Chaque année, au Sénégal, des vies sont brisées par des armes blanches, souvent des couteaux domestiques détournés de leur usage. À Dakar, Saint-Louis ou Ziguinchor, querelles de voisinage, dettes non réglées ou simples altercations dégénèrent régulièrement en drames. Contrairement aux armes à feu, les couteaux ne font l’objet d’aucun contrôle, sont vendus librement et transportés sans restriction, jusqu’au jour où il est trop tard.
Dans des quartiers où les tensions sociales et économiques sont fortes, un couteau à portée de main devient une « solution » tragique. Pourtant, l’indignation publique est rare. Les autorités interviennent après les drames, les médias en parlent brièvement, puis l’oubli s’installe. Jusqu’au prochain fait divers.
Les armes blanches tuent moins que les armes à feu, mais leur dangerosité est sous-estimée. Les hôpitaux et les commissariats connaissent l’ampleur du problème. En France, les couteaux sont impliqués dans près de 20 % des homicides. Le Royaume-Uni, confronté à une vague de violences au couteau, a durci ses lois : interdiction de vente aux mineurs, restrictions sur les modèles dangereux et peines alourdies pour port illégal, entraînant une baisse significative des agressions.
Chez nous, rien de comparable n’existe. Pas de campagne de sensibilisation, pas de contrôle, et l’usage des couteaux dans les règlements de comptes est presque normalisé. « C’est juste un couteau », entend-on souvent. Comme si un objet conçu pour éplucher des légumes ne pouvait pas, en un geste, trancher une artère ou percer un cœur.
Les blessures par arme blanche encombrent les services d’urgence et laissent des séquelles physiques et psychologiques durables. Chaque meurtre non prévenu encourage les représailles, alimentant un cycle de violence. Aucune politique ne cible spécifiquement ce fléau, contrairement aux campagnes contre les armes à feu ou les accidents de la route.
Des solutions existent. Au Canada, des programmes éducatifs dans les écoles apprennent aux jeunes à gérer les conflits sans violence. En Australie, des opérations de police ciblent les lieux où les agressions au couteau sont fréquentes. Au Sénégal, même des mesures simples feraient la différence :
Interdire la vente de couteaux aux mineurs et sanctionner les commerçants négligents. Lancer des campagnes de sensibilisation sur les conséquences des agressions au couteau. Renforcer les peines pour port d’arme blanche en milieu urbain, sauf justification professionnelle.
Il ne s’agit pas de supprimer les couteaux dans les cuisines, mais de réguler leur usage en dehors de la sphère privée. Les forces de l’ordre doivent pouvoir fouiller les sacs dans les lieux sensibles et confisquer les armes improvisées. Les parents, enseignants et leaders communautaires doivent répéter inlassablement : un couteau n’est pas un jouet, encore moins une arme.
Le meurtre de Fass Mbao aurait pu être évité. Combien de drames faudra-t-il encore pour que le Sénégal prenne ce problème au sérieux ? Attendre le prochain mort, c’est être complice. Il est temps d’agir, avant que d’autres familles ne pleurent pour 1 500 FCFA ou une insulte de trop.
La violence par arme blanche n’est pas une fatalité. Elle est le résultat de notre indifférence. Changeons cela, avant qu’il ne soit trop tard.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousmane Diop.
Mis en ligne : 12/09/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





