Trois agresseurs échappent à la prison : Un verdict qui choque à Mbour - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Eva | Publié le 02/10/2025 09:10:15

Trois agresseurs échappent à la prison : Un verdict qui choque à Mbour

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Le tribunal d’instance de Mbour a récemment rendu son verdict dans une affaire de violence entre voisins. Trois membres d’une même famille ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis pour avoir agressé leur voisine, D. Sarr, une femme enceinte. Si la justice a tranché, la clémence de la peine interroge.

En optant pour le sursis, le tribunal envoie un message ambigu : la violence entre voisins, même lorsqu’elle cible une personne vulnérable, ne mérite qu’une sanction symbolique. Une décision qui, loin de dissuader, risque de banaliser de tels actes.

Les conflits de voisinage ne sont pas rares, mais ils deviennent particulièrement préoccupants lorsqu’ils dégénèrent en violences physiques. Au Sénégal, comme ailleurs, ces tensions sont souvent alimentées par un manque de dialogue, des préjugés ou une perception d’impunité. Pourtant, quand une femme enceinte devient la cible d’une agression collective, la société tout entière devrait s’indigner. Dans cette affaire, une altercation initiée par une mineure a conduit à des coups portés par trois adultes, causant à la victime une incapacité temporaire de travail de sept jours. Malgré la gravité des faits, la réponse judiciaire, une peine avec sursis, semble minimiser leur portée.

Cette situation n’est malheureusement pas isolée. Les violences entre voisins, souvent considérées comme de simples « conflits privés », révèlent un problème plus large : celui d’une justice qui peine à protéger les plus vulnérables. Les femmes, en particulier, restent exposées à des agressions dont les auteurs bénéficient trop souvent de peines légères, sous prétexte de circonstances atténuantes ou de réinsertion. Pourtant, lorsqu’une victime est enceinte, l’atteinte n’est pas seulement physique, mais également psychologique et sociale. La grossesse, période de vulnérabilité accrue, devrait appeler une protection renforcée, et non une clémence judiciaire déconnectée des réalités.

Le sursis est une mesure qui suspend l’exécution d’une peine de prison, à condition que le condamné ne récidive pas. Dans la pratique, il s’agit souvent d’une sanction sans effet réel. Pour les agresseurs, le risque est minime : tant qu’ils évitent de nouveaux démêlés avec la justice, ils n’auront jamais à purger leur peine. Pour les victimes, le message est clair : leur souffrance ne justifie pas une sanction exemplaire. La condamnation à trois mois avec sursis dans cette affaire peut même être perçue comme une forme d’impunité déguisée. Comment croire à l’effet dissuasif d’une telle décision ? Les peines symboliques, notamment dans les cas de violences physiques, ont un impact limité sur la récidive et peuvent encourager une culture où la violence est tolérée.

Dans d’autres contextes, les agressions sur personnes vulnérables, telles que les femmes enceintes, sont traitées avec beaucoup plus de sévérité, avec des peines de prison ferme et des amendes dissuasives. Au Sénégal, bien que le code pénal prévoie des circonstances aggravantes pour les violences envers les femmes enceintes, leur application reste inégale. Ici, le tribunal a choisi la modération, au mépris du principe de proportionnalité entre la gravité de l’acte et la sanction.

En optant pour le sursis, la justice semble considérer cette agression comme un simple dérapage, alors qu’elle relève d’une violence organisée, trois adultes s’en prenant à une femme seule et enceinte. Cette minimisation est préoccupante dans un contexte où les violences faites aux femmes, même dans l’espace domestique ou de proximité, sont encore trop souvent relativisées. Les victimes, comme D. Sarr, se retrouvent doublement pénalisées : d’abord par l’agression, ensuite par un système judiciaire qui ne reconnaît pas pleinement leur préjudice. L’incapacité temporaire de travail ne reflète qu’une partie des dommages subis. Le stress, la peur de nouvelles représailles ou la méfiance envers un voisinage hostile constituent des séquelles invisibles mais bien réelles.

Le traitement séparé de la mineure à l’origine de l’altercation pose également question. La protection des mineurs est légitime, mais elle ne doit pas servir à édulcorer la responsabilité collective de la famille. Lorsqu’une dynamique de groupe conduit à la violence, chacun doit répondre de ses actes, y compris les adultes qui, par leur autorité, ont laissé la situation dégénérer.

Cette affaire devrait être un signal d’alarme. La violence entre voisins n’est pas un mal nécessaire, mais un fléau à combattre par des sanctions adaptées et une politique de prévention ambitieuse. Les peines doivent être proportionnelles à la gravité des faits ; une agression sur une femme enceinte ne peut être traitée comme un simple différend. Les victimes doivent bénéficier d’un accompagnement psychologique et juridique, tandis que des dispositifs de médiation et de prévention doivent être renforcés pour désamorcer les conflits avant qu’ils ne dégénèrent.

La décision du tribunal de Mbour révèle un système judiciaire qui, malgré ses avancées, peine à protéger les plus vulnérables. En choisissant le sursis, les magistrats ont manqué une occasion de rappeler que la violence, qu’elle soit familiale, conjugale ou de voisinage, ne sera jamais tolérée. Une société juste ne peut se contenter de peines symboliques pour protéger ses membres les plus fragiles. Il faut exiger des sanctions à la hauteur des actes commis, une écoute véritable des victimes et une volonté de briser le cycle de l’impunité. La violence entre voisins n’est pas une fatalité, et il revient à chaque citoyen d’exiger une justice qui protège, dissuade et rétablit la confiance dans nos institutions.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Katy Fall.
Mis en ligne : 02/10/2025

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