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Le drame survenu à Pikine, où une première épouse a ébouillanté son mari après qu’il ait pris une seconde femme, a choqué l’opinion publique. Pourtant, au-delà de l’horreur du geste, ce cas révèle une hypocrisie criante : celle d’un certain féminisme qui, sous couvert de lutte pour les droits des femmes, encourage indirectement le manque de respect et la violence envers les hommes, tout en fermant les yeux sur les dérives de la polygamie et les responsabilités individuelles.
Les réseaux sociaux et certains discours militants brandissent souvent la bannière de l’émancipation féminine, mais où sont-ils quand il s’agit de condamner sans ambiguïté les actes de violence commis par des femmes ? Où est la cohérence quand on dénonce la polygamie comme une oppression, mais qu’on justifie ou minimise les réactions violentes qu’elle peut provoquer ?
La polygamie, légale et ancrée dans les mœurs sénégalaises, est régulièrement pointée du doigt par les féministes comme une pratique inégalitaire et source de souffrance pour les femmes. Pourtant, force est de constater que les solutions proposées se limitent souvent à des slogans et à des appels à la réforme du Code de la famille, sans jamais aborder la responsabilité des individus dans la gestion de leurs conflits. Les études montrent que la polygamie, surtout quand elle est mal vécue, peut engendrer des tensions extrêmes, des rivalités entre coépouses, et des drames familiaux. Mais plutôt que de promouvoir le dialogue, la médiation ou l’éducation à la gestion des émotions, certains discours féministes attisent la colère et la victimisation, créant un climat où la violence devient une réponse “compréhensible” à la frustration.
Dans l’affaire de Pikine, la mise en cause, M. M. Coly, a reconnu avoir versé de l’eau bouillante sur son mari endormi, un acte prémédité et d’une cruauté inouïe. Pourtant, certains n’hésiteront pas à invoquer sa souffrance, sa jalousie, ou même des troubles mentaux non prouvés pour atténuer sa responsabilité. Où est la condamnation sans réserve de cet acte ? Où sont les appels à la justice pour la victime, un homme de 67 ans qui a perdu la vie dans d’atroces souffrances ? La famille a tenté d’étouffer l’affaire, les fils ont gardé le silence, et la société, trop souvent promptes à excuser les femmes “victimes de la polygamie”, a failli à son devoir de protection et de justice.
Les féministes qui occupent les réseaux sociaux pour dénoncer les inégalités de genre devraient aussi assumer leur rôle dans la prévention de la violence, quel que soit le genre de l’agresseur. Or, trop souvent, les crimes commis par des femmes sont minimisés, voire justifiés par leur statut de “victime sociale”. Cette complaisance est dangereuse : elle envoie le message que la violence est acceptable dès lors qu’elle est commise par une femme, surtout si elle se prétend opprimée.
Si la polygamie peut être source de souffrance, elle ne saurait justifier un acte aussi barbare. Les féministes qui dénoncent cette pratique devraient aussi condamner avec la même vigueur les actes de violence qui en découlent, quels qu’en soient les auteurs.
Le fait que les fils et le voisin aient caché l’agression pendant plusieurs jours montre à quel point la violence familiale est banalisée, y compris quand elle vise un homme. Pourquoi un tel mutisme ? Parce que, dans l’inconscient collectif, un homme victime de violence conjugale est encore un tabou.
Les mêmes voix qui s’élèvent contre les violences faites aux femmes se taisent ou tergiversent quand il s’agit de condamner un crime commis par une femme. Cette incohérence affaiblit la crédibilité du combat pour l’égalité et encourage l’impunité.
Chacun est responsable de ses actes. Invoquer la polygamie ou la souffrance pour excuser un meurtre, c’est nier la dignité et la liberté de choix de chaque individu. Les femmes, comme les hommes, doivent répondre de leurs actes devant la justice.
Ce drame n’est pas isolé. En Afrique de l’Ouest, plusieurs cas de meurtres liés à la polygamie ont été recensés ces dernières années, souvent commis par des femmes contre leurs maris ou leurs coépouses. Au Mali, en 2025, deux épouses ont tué leurs maris dans des circonstances similaires, révélant une tendance inquiétante : la polygamie, quand elle est mal vécue, peut pousser à des actes extrêmes. Pourtant, dans ces cas comme dans celui de Pikine, les réactions sont souvent teintées de complaisance envers les autrices, comme si leur statut de femme ou d’épouse les plaçait au-dessus des lois.
Le drame de Pikine doit servir de révélateur : la lutte pour l’égalité ne peut se construire sur des doubles standards. Condamner la polygamie, c’est bien ; condamner la violence sous toutes ses formes, quel que soit le genre de l’agresseur, c’est mieux. Les féministes qui veulent être crédibles doivent cesser de sélectionner leurs combats et assumer pleinement leur rôle dans la promotion d’une société où la justice et le respect s’appliquent à tous, sans distinction.
La violence n’est jamais une solution, et la justice ne doit jamais être à géométrie variable. Il est temps que les discours sur l’émancipation incluent aussi la responsabilité, l’éducation, et le refus catégorique de toute forme de violence, y compris celle commise par des femmes. Sinon, à force de justifier l’injustifiable, c’est toute la crédibilité du mouvement qui sera remise en cause. La vraie égalité, c’est aussi la même exigence morale pour tous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Eric Sagna.
Mis en ligne : 18/12/2025
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