Trois jours d’horreur à Saly : Une société complice par son silence - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Fait divers | Par Maimouna | Publié le 17/12/2025 08:12:00

Trois jours d’horreur à Saly : Une société complice par son silence

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L’affaire récente de Saly, où trois individus ont été arrêtés pour la séquestration et le viol collectif d’une femme atteinte de déficience mentale, est un nouveau rappel glaçant de la barbarie dont certains membres de notre société sont capables. Les faits, aussi précis soit-il, ne peut masquer l’horreur et l’indignation que suscite une telle abjection. Pourtant, au-delà de l’émotion légitime, c’est la complicité silencieuse de la société face à ces actes criminels qui doit nous interroger collectivement.

Les événements se sont déroulés entre le 10 et le 13 novembre 2025. La victime, une jeune femme mentalement vulnérable, a été abordée dans la rue par un individu qui l’a ensuite séquestrée et soumise à des violences sexuelles collectives pendant trois jours. Les détails de l’enquête révèlent que les agresseurs, après avoir été identifiés, ont d’abord tenté de minimiser leurs actes avant de reconnaître les faits sous la pression des enquêteurs. Le rapport médical confirme la violence extrême des actes subis, avec des « déchirures hyménales multiples ».

Ce qui frappe dans cette affaire, comme dans tant d’autres, c’est l’absence de réaction collective immédiate. La victime, errant dans les rues de Mbour, a été abordée, séquestrée et violée pendant trois jours sans que personne n’intervienne. Où étaient les voisins, les passants, les autorités locales ? Comment une personne vulnérable peut-elle disparaître pendant trois jours sans que la communauté ne s’alarme ? Ces questions soulignent une réalité douloureuse : la société sénégalaise, malgré ses valeurs de solidarité et de respect, ferme trop souvent les yeux sur les violences faites aux plus fragiles.

Cette affaire n’est malheureusement pas isolée. En janvier 2025, une adolescente de 14 ans, handicapée mentale, a été séquestrée et violée pendant deux jours à Rufisque. En août 2025, la fille adoptive de l’architecte Lydia Assani a subi un viol collectif lors d’un cambriolage à Saly. Dans les deux cas, les agresseurs ont agi en toute impunité initiale, profitant de la vulnérabilité de leurs victimes et de l’indifférence générale. Les statistiques sont accablantes : en 2020, 45 dossiers de viol sur des personnes vulnérables ont été enregistrés, et le phénomène ne cesse de croître.

Malgré l’adoption en 2020 d’une loi criminalisant le viol et la pédophilie, les résultats peinent à suivre. Les activistes de la société civile saluent cette avancée législative, mais déplorent que l’objectif de dissuasion ne soit pas atteint. Les victimes, souvent stigmatisées, se heurtent à un système judiciaire lent et parfois peu enclin à les protéger. Le silence de l’État et les dysfonctionnements du système judiciaire aggravent cette situation, laissant les victimes sans recours et les agresseurs sans crainte.

La complicité silencieuse de la société face à ces crimes est aussi coupable que les actes eux-mêmes. Il est temps que chacun, citoyen, autorité ou institution, prenne ses responsabilités. La protection des plus vulnérables ne peut plus être une option, mais doit devenir une priorité absolue. Les lois existent, mais leur application et leur respect dépendent de notre vigilance collective. Ne détournez plus le regard : la dignité humaine est en jeu.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Modou Gueye.
Mis en ligne : 17/12/2025

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