Le poisson fumé occupe une place centrale dans l’alimentation sénégalaise, tant sur le plan culinaire que sur celui de l’économie. Sa consommation est profondément enracinée dans les habitudes alimentaires du pays, et son commerce joue un rôle essentiel dans le soutien des communautés de pêcheurs ainsi que dans l’approvisionnement des marchés locaux.
La fumaison du poisson est une pratique ancestrale au Sénégal. Depuis des générations, les communautés côtières et les pêcheurs utilisent cette méthode pour conserver le poisson et le rendre disponible tout au long de l’année.
Les espèces les plus couramment fumées sont le sardinella, le maquereau, le safou, la morue et le boudin de mer. Ces poissons, qui sont souvent pêchés dans les eaux riches du Sénégal, sont ensuite transformés par le processus de fumaison, ce qui permet non seulement de les préserver, mais aussi de leur donner une saveur unique très prisée dans la cuisine sénégalaise, notamment dans des plats comme le ceebu jën (riz au poisson) ou la soupe de poisson.
Le commerce du poisson fumé représente une source de revenus non négligeable pour de nombreuses familles sénégalaises, notamment celles vivant dans les régions côtières comme la Péninsule du Cap-Vert, Saint-Louis et Mbour. Des milliers de femmes, appelées « fumeuses de poissons », jouent un rôle clé dans cette industrie. Elles sont responsables du processus de transformation, de la vente en gros ou au détail dans les marchés locaux, et souvent, elles exportent également le poisson fumé vers d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Le poisson fumé est une denrée très prisée non seulement au Sénégal mais aussi dans les pays voisins, notamment en Guinée, en Gambie, au Mali et au Burkina Faso, où il est utilisé pour préparer des plats traditionnels. Le commerce transfrontalier est un secteur vital pour l’économie sénégalaise, et cette exportation contribue à la création d’emplois et à l’amélioration du pouvoir d’achat de nombreuses familles.
Le poisson fumé dépend directement de l’approvisionnement en poissons frais. Cependant, les ressources halieutiques du Sénégal sont en déclin, principalement en raison de la surpêche et de la dégradation de l’environnement marin.
La fumaison du poisson, réalisée de manière artisanale, se fait souvent dans des conditions de travail précaires. Les femmes, qui représentent la majorité des transformateurs de poisson, sont confrontées à des risques pour leur santé, notamment à cause de l’exposition aux fumées toxiques et à la chaleur intense. Par ailleurs, la qualité du poisson fumé peut parfois être compromise par des pratiques de conservation non hygiéniques.
Bien que le poisson fumé sénégalais soit populaire en Afrique de l’Ouest, la concurrence est de plus en plus rude, notamment avec l’importation de poissons fumés provenant d’autres pays. Ces produits sont parfois vendus à des prix plus bas, créant des tensions pour les commerçants locaux qui peinent à se maintenir sur le marché.
L’absence d’infrastructures modernes et de techniques de transformation avancées reste un obstacle majeur. Bien que des initiatives pour améliorer les conditions de transformation existent, elles sont encore limitées.
Le gouvernement sénégalais et diverses organisations non gouvernementales (ONG) ont commencé à prendre des mesures pour résoudre ces problèmes. Des programmes de formation sont mis en place pour sensibiliser les producteurs et les commerçants aux bonnes pratiques de transformation et aux normes sanitaires, tandis que des projets visant à améliorer les conditions de travail et à introduire des équipements modernes de fumaison sont en cours.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Claude Yanga.
Mis en ligne : 04/03/2025
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