Les unes de la presse congolaise sont ce matin dominées par des images de désolation : Kinshasa, la mégapole congolaise, s’est réveillée sous les eaux. Des torrents boueux ont englouti des quartiers entiers, emportant voitures, meubles, maisons. Le dernier bilan, toujours provisoire, fait état d’au moins 30 morts.
Dans un reportage saisissant publié dans Forum des As, le journaliste Jérémie Asoko décrit une ville « en apnée, noyée sous un ciel d’encre » : « La vie s’est arrêtée net. Ce ne sont plus les klaxons ni les cris des enfants qui animent les rues, mais le clapotis menaçant de l’eau, qui s’infiltre, déborde, et balaie tout sur son passage ».
Le média en ligne raconte la détresse des sinistrés, livrés à eux-mêmes : « Des jeunes du quartier, torse nu et pieds nus dans l’eau sale, portent secours aux plus fragiles. Certains improvisent des radeaux, d’autres transportent des personnes âgées sur leurs épaules. Des femmes distribuent du pain et du thé chaud. Mais ces gestes de solidarité ne suffisent pas. L’ampleur du drame dépasse les élans de bonne volonté. Les appels à l’aide se multiplient, souvent sans réponse », déplore Forum des As.
Colère contre les autorités : « Papa, tu as laissé tes enfants dans la rue ! »
Au-delà du choc, une profonde colère gronde à Kinshasa. Le site MediaCongo.net relaie l’exaspération de nombreux habitants lors de la visite du président Félix Tshisekedi, venu constater les dégâts sur le terrain. Le chef de l’État a été pris à partie par une population excédée. « Papa, tu as laissé tes enfants dans la rue ! », pouvait-on entendre.
Face à une foule remontée, le président a tenté d’apporter des réponses, notamment sur les promesses de réhabilitation des voiries et la gestion des caniveaux. Des promesses longtemps restées lettres mortes, selon MediaCongo, qui rappelle que « les inondations récurrentes à Kinshasa sont dues à l’absence d’un réseau de drainage efficace et à un manque d’entretien chronique ». Les canaux d’évacuation sont souvent obstrués par des ordures, accentuant les risques en cas de fortes pluies.
Tensions croissantes entre l’Algérie et le Mali : bras de fer diplomatique
Sur un autre front africain, la tension est montée d’un cran entre Alger et Bamako après qu’un drone malien a été abattu par l’armée algérienne, cette dernière affirmant qu’il avait violé son espace aérien, une version que dément fermement le Mali.
La crise s’est rapidement envenimée. Le Mali a rappelé son ambassadeur en Algérie, entraînant dans son sillage ses alliés du Burkina Faso et du Niger. En représailles, Alger a fermé son espace aérien au Mali et a également rappelé ses diplomates accrédités à Bamako et à Niamey.
Les médias s’en mêlent : accusations croisées et récits irréconciliables
Dans cette guerre d’interprétations, les médias des deux pays défendent vigoureusement les positions de leurs gouvernements respectifs. El Moudjahid, organe officiel algérien, parle d’« une riposte implacable » et accuse le président malien Assimi Goïta de chercher un bouc émissaire pour détourner l’attention de sa gestion décriée depuis le coup d’État de 2021. « La junte n’a rien trouvé de mieux que de qualifier d’ »action hostile » la légitime défense de l’Algérie face à une intrusion armée », écrit le quotidien.
De son côté, le site MaliWeb évoque « une provocation de plus » du régime algérien et conteste formellement la version avancée par Alger, affirmant que « aucune preuve n’a été fournie » concernant la prétendue intrusion d’un drone malien.
Sur le terrain, les faits restent difficiles à vérifier, les deux versions se répondant heure par heure, coordonnées GPS à l’appui, sans qu’aucune instance indépendante ne soit en mesure de trancher.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 08/04/2025
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