Une autre décision du président américain suscite une vive inquiétude sur le continent africain : l’arrêt massif de l’aide au développement. Dès le jour de son investiture, Donald Trump a ordonné la suppression de 83 % du budget de l’USAID, l’agence américaine d’aide internationale. Un choc brutal pour de nombreuses ONG humanitaires et agences onusiennes, dont Washington était le principal financeur.
Le Monde Afrique alerte : « Faire un choix entre les plus vulnérables des plus vulnérables ». En République démocratique du Congo, le conflit entre l’armée nationale et le groupe M23, soutenu par le Rwanda, provoque un afflux de réfugiés. Le Programme alimentaire mondial a déjà été contraint de réduire de moitié les rations alimentaires distribuées. Une responsable confie au journal : « Sans financements supplémentaires, nous devrons cesser toute aide alimentaire à partir de juillet ».
Le Soudan, plongé dans une guerre entre l’armée régulière et des forces paramilitaires, compte déjà neuf millions de déplacés en deux ans. Le Haut-Commissariat aux réfugiés prévient, selon Le Monde : « Plus de 500 000 personnes déplacées pourraient perdre l’accès à l’eau potable, aux soins de santé et à l’assainissement, faute de ressources. »
La situation est tout aussi critique au Tchad. À Farchana, près d’Adré, 160 000 réfugiés soudanais ne peuvent déjà plus bénéficier d’un accès correct aux soins. Les ONG locales ont dû suspendre leurs activités. « Lorsque votre budget est amputé des deux tiers, il faut choisir : rester dans certains pays et en quitter d’autres », explique, sous couvert d’anonymat, une responsable d’une grande organisation humanitaire.
Crise diplomatique entre le Mali et l’Algérie : au-delà du drone, une fracture régionale
La rupture diplomatique entre le Mali et l’Algérie agite l’Afrique de l’Ouest. En toile de fond, l’accusation portée par Bamako contre Alger, soupçonné d’avoir abattu un drone malien à la frontière. L’Algérie dément fermement. Depuis dimanche, les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs et fermé leurs espaces aériens respectifs.
Mais le différend dépasse le cadre militaire. Le site d’information guinéen Aminata estime que les racines de cette crise remontent à l’accord d’Alger signé en 2015, censé offrir une solution politique durable en intégrant les Touaregs rebelles dans une gouvernance partagée au Mali.
Début 2024, Bamako s’est officiellement retiré de cet accord, un geste perçu à Alger comme une remise en cause délibérée d’un dispositif de sécurité régionale auquel l’Algérie avait attaché son poids diplomatique.
Aminata analyse : « Cette crise préfigure peut-être une recomposition géopolitique durable au Sahel. Elle oppose deux visions : celle d’États souverainistes, militarisés, en quête de nouveaux alliés, face à une approche plus diplomatique, incarnée notamment par l’Algérie. »
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 09/04/2025
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