Gagner une élection avec 90 % des voix relève souvent du fantasme démocratique ou du signe d’un régime autoritaire. Dans l’histoire récente du Gabon, marqué par la fin du règne des Bongo et l’arrivée du général Oligui Nguema à la tête de la transition, la question se pose avec acuité.
Le rôle d’Olivier Nguéma, ministre de la Communication, dans ce contexte de reconstruction politique, invite à réfléchir sur la légitimité réelle que confère un score aussi écrasant.
Dans certaines circonstances exceptionnelles, un tel score peut être envisageable. Une figure consensuelle, symbole de rupture et de renouveau, peut rallier un large soutien populaire. Si la population, fatiguée par des années d’autoritarisme, se rassemble autour d’un seul candidat perçu comme crédible et porteur d’espoir, une victoire écrasante peut se justifier.
Cependant, dans une démocratie fonctionnelle, une telle homogénéité électorale est rare. La pluralité des opinions, la diversité des intérêts et le débat public rendent difficile une adhésion aussi massive à un seul candidat. Même les dirigeants les plus populaires dans les démocraties établies ne franchissent généralement pas la barre des 70 %.
Historiquement, les scores de plus de 90 % sont souvent associés à des régimes fermés, où la manipulation des urnes, la marginalisation de l’opposition et le contrôle des médias sont monnaie courante. Dans ce contexte, le rôle d’Olivier Nguéma en tant que ministre de la Communication devient crucial : selon l’usage qui est fait de l’appareil médiatique, il peut soit garantir l’équité du débat public, soit renforcer une dynamique de contrôle de l’opinion.
Le Gabon post-Bongo est à un tournant. Le peuple aspire à une véritable transition démocratique, avec des élections transparentes et inclusives. Gagner avec 90 % des voix, sans une opposition forte ni un débat réel, risquerait de décrédibiliser le processus, même s’il se déroule sans violence apparente.
Une victoire aussi écrasante peut être possible, mais rarement sans zones d’ombre. L’enjeu, pour le Gabon, n’est pas le pourcentage de voix récoltées, mais la confiance des citoyens dans le processus électoral. Une démocratie se mesure moins au score du vainqueur qu’à la liberté des électeurs à choisir sans contrainte.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rémi Faye.
Mis en ligne : 16/04/2025
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