Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Nos quartiers étouffent. L’insalubrité gangrène les rues, ronge les trottoirs, pollue l’air et empoisonne les eaux. Trop longtemps, on s’est contentés de discours creux, de promesses en l’air. Trop souvent, on a jeté la responsabilité sur le dos des populations, oubliant que la propreté d’un quartier est d’abord une question de volonté politique, de justice sociale et de dignité humaine.
Les images parlent d’elles-mêmes : des montagnes d’ordures qui s’entassent au pied des maisons, des canaux bouchés qui débordent à la moindre pluie, des enfants qui jouent entre les détritus. Ce n’est pas seulement une question d’esthétique ou d’hygiène. C’est une question de droit. Chaque citoyen a le droit de vivre dans un environnement sain. Et ce droit est aujourd’hui bafoué.
Certes, les habitants ont un rôle à jouer. Il faut sensibiliser, responsabiliser, créer une culture de la propreté. Mais comment blâmer ceux qui vivent sans collecte régulière d’ordures ? Comment exiger une gestion responsable des déchets quand il n’existe ni bacs de tri, ni politique cohérente de recyclage, ni infrastructures adéquates ? C’est trop facile et profondément injuste de faire peser toute la charge sur les épaules de ceux qui subissent l’abandon.
La lutte contre l’insalubrité ne peut pas être un simple slogan. Elle doit être une priorité politique. Cela passe par des investissements massifs, une gouvernance locale forte, une gestion transparente des marchés publics liés à la collecte des déchets, et surtout, une réelle volonté de rupture avec les pratiques de négligence.
Restaurer nos quartiers, c’est aussi repenser notre manière d’habiter la ville. Il faut verdir les espaces publics, réhabiliter les zones laissées à l’abandon, redonner leur dignité aux marchés, aux rues, aux places. Il faut impliquer les populations, soutenir les initiatives communautaires, et surtout, donner aux jeunes les moyens d’agir. Parce que les jeunes ne veulent plus vivre dans les ordures. Ils veulent s’impliquer, créer, construire un cadre de vie meilleur. Encore faut-il qu’on leur ouvre la voie.
Militer pour des quartiers propres, c’est militer pour plus de justice. C’est refuser que la saleté devienne le destin des plus pauvres. C’est affirmer que chaque citoyen, qu’il vive à la Médina, à Guédiawaye ou à Pikine, mérite le même respect que celui qui vit dans un quartier résidentiel huppé. C’est une lutte pour l’équité territoriale.
Nous devons sortir de cette passivité complice. Il ne s’agit pas de nettoyer une rue pour une visite officielle, ni de lancer une opération de charme médiatique. Il s’agit de bâtir une société responsable, où la propreté n’est pas un luxe, mais un fondement.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Henriette Mané.
Mis en ligne : 18/04/2025
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