Lourdes peines contre des opposants : La Tunisie inquiète - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 20/04/2025 03:04:21

Lourdes peines contre des opposants : La Tunisie inquiète

Ce samedi 19 avril restera comme une date sombre dans l’histoire politique récente de la Tunisie. Quarante figures de l’opposition, de la société civile, du monde des affaires et de l’ancienne classe parlementaire ont été condamnées à de lourdes peines allant de 4 à 66 ans de prison, dans ce que leurs avocats qualifient unanimement de “procès sans procès”.

Parmi les condamnés, Kamel Eltaief, puissant homme d’affaires autrefois proche de l’ancien régime, a écopé de 66 ans de prison, la peine la plus lourde. Il est suivi par Khayem Turki, homme politique, condamné à 48 ans, et Noureddine Bhiri, ancien ministre de la Justice et cadre du parti Ennahdha, qui a reçu 43 ans. Ces verdicts ont été prononcés à l’aube, sans que les accusés n’aient réellement été entendus.

Le collectif d’avocats – plus de 200 au total – dénonce l’absence totale des garanties d’un procès équitable. À peine trois audiences ont eu lieu, toutes marquées par des tensions, des interruptions et le refus des accusés de comparaître par visioconférence, comme le voulait la justice pour des raisons dites sécuritaires. Les avocats ont martelé à plusieurs reprises que le dossier d’accusation était vide, truffé de vices de procédure.

Maître Samir Dilou, avocat et ancien ministre des Droits de l’Homme, résume l’indignation de la défense :

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« Le plus choquant n’est pas la sévérité du verdict, mais le fait qu’il n’y ait pas eu de procès. Tout a duré 30 secondes. C’est du jamais vu. »

Les familles des prisonniers politiques ne se font plus d’illusions. Pour Monia Brahim, épouse d’Abdelhamid Jelassi (ancien dirigeant d’Ennahdha condamné à 13 ans), le verdict n’est que la conclusion logique d’un simulacre de justice.

« Rien ne nous a surpris. Dès le départ, les règles du droit n’étaient pas respectées. »

Ce procès s’inscrit dans un contexte politique tendu, où le président Kaïs Saïed concentre de plus en plus de pouvoirs depuis le gel du Parlement en 2021. Beaucoup y voient une instrumentalisation de la justice pour neutraliser ses opposants, dans un climat où les libertés se restreignent dangereusement.

Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 20/04/2025

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