À Saint-Louis, le calme règne sur la Langue de Barbarie, mais ce silence est trompeur. Ce n’est pas la mer qui se repose, mais bien les pirogues qui, clouées à quai, attendent désespérément leur précieux carburant. Depuis plusieurs jours, la pénurie d’essence frappe de plein fouet les pêcheurs artisanaux, jetant un voile d’inquiétude sur une activité vitale à l’économie locale et nationale.
En cette veille de Tabaski, période traditionnellement faste pour la pêche, l’impact de la pénurie d’essence est particulièrement brutal. Sur les plages, les moteurs sont muets, les filets rangés, les regards inquiets. La fête s’annonce morose pour nombre de familles qui tirent l’essentiel de leurs revenus de la mer.
Joint par la RFM, un pêcheur de la zone a livré un témoignage poignant : « Le manque d’essence nous impacte lourdement. On cherche partout dans les stations, mais on n’en trouve pas. Notre travail est à l’arrêt et cela ne nous arrange pas, parce qu’il ne reste que quelques semaines pour célébrer la Tabaski. Nous sollicitons l’aide du gouvernement. C’est vraiment dur. »
Cette détresse met en lumière les fragilités chroniques d’un secteur confronté depuis des années à de multiples défis : raréfaction des ressources halieutiques, pression des accords de pêche, manque d’équipements, précarité sociale. La pénurie actuelle ne fait qu’aggraver une situation déjà précaire.
Au-delà du sort des pêcheurs, c’est aussi l’approvisionnement en poisson de millions de Sénégalais qui est en jeu. À l’approche d’une des plus grandes fêtes musulmanes, les étals des marchés risquent de se vider, et les prix de s’envoler.
Face à l’urgence, les acteurs du secteur appellent à une intervention rapide des autorités pour rétablir l’accès au carburant et éviter un effondrement temporaire de la filière. À Saint-Louis, la mer est toujours là, mais sans essence, elle devient soudainement inaccessible.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 05/05/2025
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