Se blanchir la peau : Le film « Timpi Tampa » brise les tabous - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Art & Culture | Par Maimouna | Publié le 24/05/2025 04:05:27

Se blanchir la peau : Le film « Timpi Tampa » brise les tabous

Quand la norme devient un poison, il faut en faire un combat. Timpi Tampa, le film de la réalisatrice sénégalaise Adama Bineta Sow, bouscule avec audace les codes d’un tabou qui gangrène nos sociétés : la dépigmentation. Derrière son humour mordant et son scénario original, ce long-métrage met à nu une vérité glaçante.

Se blanchir la peau n’est pas un choix esthétique banal, c’est l’expression d’un mal-être profondément ancré, nourri par le racisme intériorisé, la pression sociale et le diktat de la beauté coloniale.

Comment peut-on encore tolérer que des milliers de femmes, chaque jour, appliquent sur leur peau des produits toxiques pour tenter de ressembler à un idéal imposé ? Au Sénégal, 67% des femmes à Dakar ont recours à ces crèmes. Et pourtant, aucune loi ne vient les protéger. L’État reste passif face à ce marché meurtrier, pendant que les multinationales s’enrichissent en vendant du rêve et de la honte en tubes. Ce laisser-faire complice est criminel. Le cinéma a ici un rôle politique à jouer, et Timpi Tampa le joue avec panache.

Le film frappe fort. À travers le regard d’un fils révolté, prêt à défier les normes pour sauver l’image de sa mère, la réalisatrice attaque de front cette industrie de la dévalorisation. Le déguisement du héros en candidate à un concours de beauté est une métaphore percutante : pour changer les choses, il faut infiltrer les normes, les détourner, les ridiculiser. Ce n’est pas seulement une comédie, c’est une arme culturelle. Une claque contre l’hypocrisie sociale.

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On ne peut plus se contenter de la compassion molle ou des discours aseptisés. L’ampleur du phénomène appelle des décisions fortes : interdiction des substances dangereuses, contrôle rigoureux des produits cosmétiques, campagnes d’éducation massives. Il faut créer un contre-discours, valoriser les peaux noires dans les médias, les écoles, les familles. Il faut briser l’association perverse entre peau claire et réussite. Et surtout, il faut écouter ces femmes, ces mères, ces sœurs qui se détruisent en silence pour se sentir « acceptables ».

Avec Timpi Tampa, un souffle nouveau traverse le cinéma africain : celui du refus, de la dignité retrouvée et du courage artistique. Ce film n’est pas qu’un succès critique, c’est un cri. Et face à l’hécatombe cosmétique, ce cri doit devenir collectif. L’Afrique mérite mieux qu’une peau blanchie : elle mérite des esprits éclairés.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Aby Diatta.
Mis en ligne : 24/05/2025

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