Jean Tiberi, figure incontournable de la droite parisienne et dernier édile RPR à avoir dirigé la capitale, est décédé à l’âge de 90 ans. L’annonce du décès de Jean Tiberi a été faite ce mardi 27 mai par la maire du Ve arrondissement, fief dont il fut l’élu emblématique pendant plusieurs décennies.
Cet infatigable acteur de la vie politique parisienne, souvent qualifié d’« insubmersible », avait fait de la capitale son terrain de jeu politique.
Né à Paris mais profondément attaché à ses racines corses, Tiberi aura occupé des fonctions électives sans discontinuer pendant près d’un demi-siècle : conseiller municipal dès 1965, maire du Ve arrondissement à partir de 1983, député pendant 44 ans depuis 1968, et maire de Paris de 1995 à 2001. Il succède alors à son mentor Jacques Chirac, avant d’être battu par le socialiste Bertrand Delanoë.
Mais cette trajectoire impressionnante fut ternie par des affaires judiciaires retentissantes. En 2013, Jean Tiberi est condamné à dix mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour l’inscription de faux électeurs sur les listes électorales du Ve arrondissement, en vue des scrutins de 1995 et 1997. Son épouse Xavière, décrite comme une présence influente et constante à la mairie du Ve, est également condamnée à neuf mois de prison avec sursis. Le pourvoi des époux Tiberi est définitivement rejeté en 2015.
La fin de son mandat parisien est marquée par des tensions internes au sein de sa propre famille politique. En 1998, il déjoue une tentative de fronde menée par Jacques Toubon, ancien ministre. Deux ans plus tard, en octobre 2000, il est exclu du RPR après avoir présenté une liste dissidente face à Philippe Séguin pour les municipales. Ce schisme dans la droite parisienne ouvre alors la voie à la victoire de la gauche plurielle.
Malgré ces turbulences, Jean Tiberi laisse aussi une empreinte durable dans le paysage urbain de la capitale. Il s’était opposé à l’urbanisme agressif des décennies précédentes, et figure parmi les premiers à avoir défendu la cause cyclable dans Paris. Il initie en 1976 un « plan vélo » précurseur, et engage les premières réflexions sur le tramway, autant d’initiatives reprises par ses successeurs socialistes.
Jean Tiberi aura été, jusqu’au bout, un homme enraciné dans son arrondissement, viscéralement parisien, farouchement fidèle à ses convictions. Avec sa disparition, c’est une page de la droite parisienne qui se tourne.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 27/05/2025
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