L’annonce de l’ouverture prochaine de la Maison des Mondes Africains à Paris pourrait être accueillie comme un geste fort en faveur de la reconnaissance et de la valorisation des cultures africaines.
Pourtant, derrière cette façade de célébration culturelle, il y a un risque majeur que la Maison des Mondes Africains ne soit qu’un énième symbole de la persistance d’une relation inégale entre la France et l’Afrique.
Pourquoi cette maison doit-elle nécessairement s’ériger à Paris, au cœur même d’une ancienne puissance coloniale, plutôt que sur le continent africain où la créativité foisonne ? L’histoire récente montre que l’Afrique n’a pas besoin d’une vitrine européenne pour exister ; elle réclame davantage d’autonomie, de respect et d’investissements directs.
Mettre en valeur les artistes et entrepreneurs africains est louable, mais si cela passe par un contrôle et une orientation dictés depuis Paris, ce projet, porté par la Maison des Mondes Africains, risque de perpétuer une forme de tutelle culturelle déguisée. Plus encore, il est absurde d’ignorer que la France conserve encore dans ses musées des milliers d’œuvres africaines acquises dans des conditions douteuses, et que la restitution de ce patrimoine culturel piétine.
Tant que cette question fondamentale ne sera pas traitée avec sincérité, la Maison des Mondes Africains ne pourra être perçue que comme une tentative polie de masquer les tensions et les déséquilibres historiques. Ce qui est nécessaire, ce sont des actes forts et courageux, fondés sur l’égalité et la reconnaissance mutuelle, et non pas un nouveau bâtiment qui risque de devenir un simple théâtre de la bonne conscience postcoloniale.
Si la France veut vraiment réconcilier les mondes africains et européens, elle doit commencer par écouter, restituer et soutenir les initiatives africaines sur leur propre sol, plutôt que de leur imposer un miroir parisien.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Yakhya Diop.
Mis en ligne : 29/05/2025
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